Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/217

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Stapleton, étant retourné à Londres, rencontra dans la rue John Moseley qui se dirigeait vers la résidence de la douairière lady Chatterton. — Ah ! ah ! s’écria-t-il en le prenant par le bras, encore ici, libertin que vous êtes ! à vous entendre vous ne deviez rester à Londres que vingt-quatre heures, et je vous y retrouve au bout de quinze grands jours !

John rougit un peu. Dès qu’il avait appris l’arrivée de Grace, il n’avait pas eu le courage de partir ; et, au lieu de retourner annoncer lui-même le résultat de son voyage, il s’était contenté d’en écrire une relation circonstanciée.

— Oui, Milord, répondit-il avec quelque embarras, mon ami Chatterton est arrivé inopinément, et j’ai dû… il a fallu…

— Et il vous a fallu rester ; n’est-ce pas ce que vous voulez dire ? dit lord Henry en riant.

— Oui ; il m’a fallu rester, répéta John. Mais où est Denbigh ?

— Parbleu, où doit être tout mari qui a des principes, surtout pendant le mois de miel… avec sa femme.

— Avec sa femme ! qui, Denbigh ? balbutia John aussitôt que sa surprise lui permit d’articuler quelques mots ; il est marié !

— Parbleu ! s’il est marié, s’écria le jeune marin en imitant sa manière ; est-ce une nouvelle que je vous apprends ? n’avez-vous pas reçu le billet de faire part ?

— Marié ! répéta de nouveau John, comme s’il était frappé de stupeur, mais quand… comment… où s’est-il donc marié, Milord ?

— Quand ? mardi dernier ; comment ? par une dispense spéciale, et par le ministère de l’évêque de *** ; où ? à Eltringham ; oui, mon cher ami, ajouta-t-il avec sa gaieté ordinaire ; George est mon frère à présent, et j’en suis ravi.

— Je vous en félicite de tout mon cœur, Milord, dit John cherchant à maîtriser ses sentiments.

— Merci, merci, s’écria Henry ; allez, nous avons mené joyeuse vie. Que n’étiez-vous avec nous, mon cher ! Ce n’était pas un de ces mariages en poste que l’on bâcle bien vite pour que les mariés vous échappent ensuite plus vite encore et aillent se cacher dans quelque trou ; non, non, nous avons en une noce à l’ancienne mode, dans toutes les formes… C’est moi qui ai arrangé cela : j’avais écrit à lady Laura que le temps est précieux, et que je n’en avais pas à perdre pour des fariboles ; qu’il fallait que tout marchât comme il faut. La chère petite, elle consentit à me laisser