Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

faire. Aussi comme tout fut bien ordonné ! nous avions cinq chevaliers pour la mariée. Derwent et Pendennyss, le marquis, William et moi ; puis cinq filles de noce : d’abord mes trois sœurs…, c’était assez triste, mais le moyen de faire autrement ?… ensuite lady Henriette Denbigh, et enfin une vieille fille, une de nos cousines. J’aurais donné tout au monde pour faire exclure la vieille cousine ; mais je n’y pus jamais réussir ; non, en honneur, mes représentations ne furent pas admises.

Il aurait pu parler encore longtemps sans que son ami l’eût interrompu ; John était occupé de pensées trop sérieuses pour prêter l’oreille à tout ce bavardage. Lord Henry prenait trop de plaisir à son récit pour remarquer le silence ou l’étonnement de son ami. Après s’être promené encore quelques minutes avec lui, il lui fit ses adieux, en lui disant qu’il partait le soir même pour aller rejoindre sa frégate à Yarmouth.

John continua sa route, abîmé dans les réflexions que lui suggérait la nouvelle qu’il venait d’apprendre. Il ne pouvait croire que Denbigh eût oublié si vite Émilie, et il craignit bien que le désespoir ne l’eût porté à une démarche dont il pourrait se repentir par la suite. L’affectation qu’il avait mise à l’éviter ne se trouvait que trop bien expliquée à présent. Mais comment lady Laura avait-elle pu se décider en si peu de temps à l’épouser, si Denbigh ne lui avait jamais fait la cour ? Et pour la première fois un soupçon vague et confus qu’il y avait quelque chose d’équivoque dans la conduite de Denbigh vint se mêler aux réflexions que lui inspirait le refus qu’Émilie avait fait de sa main.

Lord et lady Herriefield (car depuis huit jours Catherine était mariée) étaient à la veille de partir pour le continent, les médecins ayant conseillé l’air du midi à Sa Seigneurie ; tandis que Grace et sa mère devaient se rendre à l’une des résidences de lord Chatterton, près de Bath. Chatterton avait d’autres engagements, mais il promit d’aller les y rejoindre dans une quinzaine de jours avec son ami Derwent.

John avait continué à faire la cour la plus assidue pendant les fêtes qui avaient suivi le mariage de Catherine ; et comme la douairière, tout entière aux apprêts de ses bals et de ses soirées, n’avait pas le temps de s’occuper de lui, il trouvait Grace plus aimable que jamais ; Grace de son côté oubliait la peine que lui avait causée le mariage de sa sœur, qui lui semblait ne pouvoir