Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/246

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choisir une femme d’après vos principes et sans consulter votre goût ?

Mrs Wilson, en riant, voulut entreprendre de lui expliquer que ce n’était pas ainsi qu’elle l’entendait ; mais le marquis, qui ne pouvait souffrir une discussion sérieuse, l’interrompit gaiement en disant :

— Oh ! mon goût est ma seule loi ; et le monde entier fût-il réuni contre elle, la femme que je trouverais à mon goût aurait toujours la palme en dépit de mon jugement.

— Et pourrait-on connaître le goût de Votre Seigneurie ? demanda Mrs Wilson, qui voyait Émilie rêveuse et qui voulait la distraire par ce badinage. Dites-nous un peu quelles conditions vous exigez d’une femme pour qu’elle puisse aspirer à vous plaire, et, d’abord, de quelle taille doit-elle être ? Faut-il qu’elle soit grande ou petite ?

Le marquis n’était pas préparé à subir un interrogatoire en forme. Il jeta les yeux autour de lui, et, rencontrant ceux de Caroline, qui écoutait la conversation avec le plus vif intérêt, il répondit avec un air de sincérité qu’il savait prendre à merveille :

— Mais à peu près de la même taille que miss Harris.

— Et de quel âge ? demanda encore Mrs Wilson.

— Oh ! pas trop jeune, Madame. J’ai trente-deux ans, ma femme doit en avoir au moins vingt-cinq ou vingt-six ; et se penchant à l’oreille de Derwent, il lui dit tout bas : — Ne pensez-vous pas que ce soit à peu près l’âge de miss Harris ?

— Mais, oui, à quelques années près, répondit Derwent sur le même ton.

Mrs Wilson continua : — Vous tiendrez, je suppose, à ce que votre femme sache lire et écrire ?

— Par ma foi, madame, je ne suis pas amateur de ces femmes qui sont toujours fourrées dans des livres, et encore moins d’une pédante.

— Vous devriez épouser miss Howard, lui dit sir William à voix basse ; elle n’a pas le défaut d’être trop jeune, elle ne lit jamais, et elle est précisément de la taille que vous aimez.

— Oh ! pour celle-là, William, elle porte toutes ces perfections jusqu’à l’excès. Je veux d’ailleurs que ma femme ait confiance en elle-même, qu’elle ait quelque usage du monde ; je voudrais