Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/267

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— Vous savez combien je suis liée avec votre excellente mère, dit Caroline cherchant à en venir à son but ; elle m’a fait connaître son désir le plus cher :

— Son désir le plus cher ! s’écria Jarvis étonné ; et quel est-il ?… Une nouvelle voiture ? de nouveaux chevaux ?

— Non, non, je veux parler d’un souhait qui nous… qui lui tient bien plus au cœur que toutes les bagatelles dont vous parlez ; elle m’a communiqué son plan.

— Son plan ! dit Jarvis de plus en plus surpris ; de quel plan veut-elle parler ?

— Des moyens et de l’argent qu’elle compte employer pour vous faire parvenir à la pairie. Allons, pourquoi dissimuler avec moi ? Vous pouvez compter sur ma discrétion et sur le vif intérêt que je prends à la réussite de vos projets.

Jarvis jeta sur elle un regard scrutateur, et, clignant de l’œil d’un air significatif, il ajouta :

— Sir William voudrait-il nous aider de son crédit ?

— Oh ! c’est moi qui vous aiderai, si cela est nécessaire, Henry, dit Caroline tendrement ; mes petites économies ne sont pas considérables, mais elles sont à votre disposition.

En s’entendant faire une offre si étonnante, le capitaine chercha d’abord quel pouvait être le motif du désir que montrait miss Harris de le voir devenir haut et puissant seigneur ; puis il se rappela quelques mots échappés à sa mère ; il crut entrevoir un projet tramé contre sa liberté, et résolut de chercher à s’en convaincre.

— Il est possible que ma mère réussisse, dit-il d’une manière évasive, espérant faire parler sa compagne.

— Possible ! s’écria miss Harris ; elle n’y peut manquer… Mais quelle somme croyez-vous qu’il faille pour acheter une baronnie, par exemple ?

— Hem ! vous voulez dire sûrement quelle somme serait nécessaire, outre celle que nous avons déjà ?

— Certainement.

— Mais, dit Jarvis en feignant de calculer, je crois qu’il ne nous manque guère qu’un millier de livres sterling.

— Est-ce là tout ? s’écria Caroline enchantée, et la perspective de voir bientôt le capitaine baronnet le lui fit paraître plus grand au moins de trois pouces, plus noble, plus distingué et plus joli garçon.