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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/270

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dit le docteur à Mrs Wilson de manière à n’être entendu que d’elle seule.

— À L***, répondit Mrs Wilson gravement.

— À L*** ! s’écria le docteur étonné ; eh ! quoi ! ne vous a-t-il pas suivie à Bath ?

— Non, j’ai appris qu’il était auprès d’un parent malade, dit Mrs Wilson surprise que son vieil ami choisît un sujet de conversation qu’il devait savoir lui être pénible. Il ne connaissait pas certainement les torts de Denbigh envers Mrs Fitzgerald, mais il ne pouvait ignorer son mariage.

— Il y a quelque temps que je n’ai eu de ses nouvelles, reprit le docteur en la regardant d’un air expressif. Il semblait attendre que Mrs Wilson ajoutât quelque chose ; mais elle ne dit rien, et il continua :

— J’espère que vous ne m’accuserez point d’indiscrétion, si je prends la liberté de vous demander si George a jamais exprimé le désir d’être uni à Émilie par des liens plus doux et plus étroits que ceux de l’amitié.

La veuve hésita quelques instants, et répondit à voix basse : — Oui, il a demandé sa main.

— Eh bien ! et Émilie ?…

— Émilie l’a refusé, répondit Mrs Wilson en levant la tête avec dignité.

Le docteur Yves ne dit rien, mais toute sa contenance exprimait assez le chagrin que lui causait cette nouvelle. Mrs Wilson avait témoigné trop de répugnance à traiter ce sujet pour qu’il osât l’entamer de nouveau ; mais elle remarqua que lorsque le baronnet ou lady Moseley prononçaient le nom de Denbigh, les yeux du bon docteur étaient à l’instant fixés sur eux avec l’expression du plus vif intérêt.