Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/277

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« Milord,

« Je m’empresse de vous faire part des agréables nouvelles que je viens de recevoir, persuadée que vous partagerez la joie qu’elles m’ont fait éprouver. Mon oncle, le général Maccarthy, m’écrit que mon père consent à recevoir sa fille unique, sans réclamer d’elle d’autres sacrifices que la promesse d’assister aux offices de l’église catholique. Il n’y demande que ma seule présence, n’exigeant du reste aucune profession de foi, ni même que je paraisse en adopter les usages et les principes.

« Ce n’est donc plus qu’une simple formalité, qui pourtant pourra parfois m’être encore assez pénible ; mais lorsque le cœur s’humilie sincèrement, ne peut-on adorer Dieu en tout lieu, et ne dois-je pas à mon père ce faible dédommagement de toutes les peines que je lui ai causées malgré moi ? J’ai donc répondu sur-le-champ à mon oncle que j’étais prête à faire ce que désirait mon père, et que je n’attendais que son ordre pour me rendre auprès de lui.

« Je devais à votre amitié, à l’intérêt touchant que Votre Seigneurie m’a toujours témoigné, de vous apprendre mon prochain départ, d’autant plus que j’ai tout lieu de croire que c’est à votre puissante intercession, à vos efforts constants et réitérés, que je dois ce résultat que mes vœux les plus ardents n’osaient encore espérer de sitôt.

« Je sens qu’il me sera impossible de quitter l’Angleterre sans aller vous voir, vous et votre sœur, pour vous remercier personnellement de toutes les bontés que vous avez eues pour moi l’un et l’autre. S’il y a quelque temps que je n’ai parlé à Votre Seigneurie de mes tristes affaires, c’est que je ne voulais pas vous importuner sans nécessité. J’avais auprès de moi une dame qui, sans vous connaître, a pour vous l’estime et l’admiration la plus sincère, et qui a bien voulu vous remplacer en m’aidant de ses conseils. Cette dame et sa charmante nièce, miss Émilie Moseley, seront toujours présentes à ma mémoire : je leur dois ainsi qu’à vous les plus douces consolations que j’aie éprouvées dans mon exil, et mes généreux amis ne seront jamais oubliés dans mes prières.

« Je vous dirai en deux mots, me réservant de vous raconter