Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/278

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

les détails lorsque je vous verrai à Londres, que j’ai reçu la visite du misérable des mains duquel vous m’avez délivrée en Portugal, et le hasard m’a fourni les moyens de découvrir son nom. Vous m’indiquerez ce que je dois faire ; car vous êtes mon guide, mon appui, et je veux surtout empêcher qu’il ne lui prenne fantaisie de me suivre en Espagne. Il paraît que les détails de ma triste aventure sont parvenus jusqu’aux oreilles de mes parents, et s’il était découvert, sa mort seule pourrait apaiser leur ressentiment.

« Puissent Votre Seigneurie et son aimable sœur être aussi heureux qu’ils le méritent ! Croyez tous deux à l’affection sincère et à l’éternelle reconnaissance de

Julia Fitzgerald. »


— Oh oui ! s’écria la jeune comtesse après avoir entendu lire cette lettre, il faut absolument que nous la voyions avant son départ. Mais que pensez-vous de son persécuteur ? Mon Dieu ! le vilain homme ! comment peut-il s’acharner ainsi après cette pauvre femme ?

— C’est en effet une effronterie dont je n’avais pas encore d’idée ; mais qu’il prenne garde d’aller trop loin ! S’il recommençait ses poursuites, les lois sauraient l’atteindre et protéger sa victime.

— Si je me rappelle bien cette affreuse histoire, il a tenté, je crois, de vous ôter la vie, mon bon frère, s’écria la comtesse en frissonnant d’horreur.

— C’est une imputation dont j’ai toujours cherché à le garantir, répondit son frère d’un air rêveur ; il tira un coup de pistolet, il est vrai ; comme il n’atteignit que mon cheval, et à une assez grande distance de moi, j’aime à croire que son intention était de m’empêcher de le poursuivre, et non pas de m’assassiner. Je n’ai jamais pu comprendre comment il est parvenu à s’échapper ; il faut qu’il se soit enfoncé seul dans le bois ; car Harmer, qui me suivait d’assez près, et qui était parfaitement monté, fut en moins de dix minutes à sa poursuite avec toute mon escorte. Au surplus, c’est peut-être un bonheur qu’il n’ait pas été pris, car je suis sûr que mes dragons l’auraient sabré sur la place, et peut-être appartient-il à une famille respectable pour qui la nouvelle de son infortune aurait pu être le coup de la mort.