Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/288

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— Mais cela est-il bien vrai, et comment le public en a-t-il été informé ?

— Miss Harris eut l’imprudence de se plaindre, et le capitaine, pour mettre les rieurs de son côté, raconta toute l’affaire, de sorte que la première est devenue l’objet des sarcasmes de tout Bath, et Jarvis celui du mépris général.

— Pauvre sir William ! dit le baronnet avec compassion, que je le plains !

— Je crains bien qu’il ne doive tous ses malheurs qu’à sa faiblesse, répondit le docteur.

— Mais vous ne savez pas tout encore, reprit M. Haughton, nous ne sommes au monde que pour souffrir. Lady Jarvis pleura, et tourmenta sir Timo pour qu’il résiliât son bail : celui-ci se fâcha d’abord, puis il finit par consentir à prendre une autre maison dans une partie du royaume où ni le nom ni l’histoire de miss Harris ne seraient connus.

— Ainsi donc voilà encore sir William obligé de chercher un locataire, dit lady Moseley, qui ne regrettait guère ses derniers voisins.

— Non, Milady, continua M. Haughton en souriant ; vous savez que Walker est procureur, et de temps en temps il travaille pour sir William. Lorsque Jarvis résilia son bail, le baronnet se trouvait justement à court d’argent, et il pensa que, puisque le Doyenné ne lui était pas utile, il n’avait rien de mieux à faire que de le mettre en vente. Le lendemain, tandis que Walker était avec sir William, un jeune lord vint voir ce dernier ; et, sans marchander, il promit de lui en compter tout de suite 30 mille livres sterling.

— Et quel est ce jeune homme ? demanda lady Moseley avec empressement.

— Le comte de Pendennyss.

— Le comte de Pendennyss ! s’écria Mrs Wilson enchantée.

— Pendennyss ! dit le docteur en regardant avec un sourire Mrs Wilson et Émilie.

— Pendennyss ! répétèrent d’un air de surprise toutes les personnes qui se trouvaient dans la chambre.

— oui, dit M. Haughton, le Doyenné appartient maintenant au comte, qui, dit-on, l’a acheté pour sa sœur.