Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/298

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CHAPITRE XLI.


Tout n’est pas gain dans le jeu caché d’une fausse modestie ; supposez qu’on vous prenne au mot : il a donc des aïeux ! Pourquoi n’en rien dire, s’il vous plaît ? Il s’exposait vraiment à passer pour un sot.
Ford.


La famille du baronnet voyait très-souvent lady Henriette, que son mariage avec Chatterton et ses qualités aimables lui avaient rendue également chère. Le jeune lord, se voyant obligé d’aller à Windsor où l’appelaient les devoirs de sa charge, pria Mrs Wilson et Émilie, qui était devenue la favorite de sa nouvelle cousine, de venir passer quelques instants avec la pauvre veuve. Elles le lui promirent volontiers, et le jour même de son départ elles se rendirent chez Henriette à l’heure du déjeuner. Chatterton prit congé d’elles, après leur avoir exprimé combien il regrettait d’être forcé de les quitter, et les avoir remerciées de vouloir bien tenir compagnie à sa femme.

Lady Henriette avait apporté une fortune assez considérable à son mari ; et celui-ci, ayant pourvu libéralement à l’établissement de ses sœurs, jouissait d’une aisance et d’un bonheur auxquels il était depuis longtemps étranger. Ses revenus lui permettaient d’avoir un grand train, et de prévenir tous les désirs de sa femme ; et Henriette, qui unissait aux qualités les plus brillantes des avantages plus solides, avait établi le plus grand ordre dans toute sa maison.

— Mrs Wilson, dit sa jeune hôtesse en lui versant une tasse de thé, et après avoir jeté un dernier regard sur Chatterton qui s’éloignait, savez-vous que je suis au moment de marcher sur les traces de miss Harris et de me faire entremetteuse de mariages ?

— Et pour qui donc ? demanda la veuve en souriant.

— Pour qui ? pouvez-vous me le demander ? pour notre chère petite Émilie.