Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/31

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tous les temps à un observateur attentif un sujet de remarques curieuses et instructives. On aurait peine à le croire, et cependant l’âme se révèle tout entière dans une circonstance qui se renouvelle trop souvent pour paraître mériter de fixer l’attention. Il semble qu’en approchant l’autel du Dieu de vérité, le fond de nos cœurs se manifeste jusque dans le moindre mouvement extérieur, et que les consciences se montrent à découvert. Nous avouons sans doute que ces observations peuvent paraître un peu profanes, dans un moment où des pensées plus sérieuses doivent seules nous occuper ; mais qu’il nous soit permis de jeter un coup d’œil rapide sur quelques-uns des personnages de notre histoire, à mesure qu’ils entrent dans l’église de B***.

La figure du baron exprimait à la fois le calme et la noblesse d’une âme en paix avec elle-même, comme avec tout le genre humain ; sa démarche était ferme et assurée. Dès qu’il fut entré dans le banc qui lui était réservé, il se mit à genoux, et ses regards, que jusqu’alors il avait tenus baissés, se dirigèrent sur l’autel avec une expression de bienveillance et de respect qui indiquait que chez lui le contact du monde n’avait jamais pu éteindre le sentiment d’une solide piété.

Lady Moseley suivit son mari d’un pas non moins assuré ; il y avait de la grâce, de la décence, dans son maintien, sans que cependant il parût étudié. Un voile lui couvrait la figure, mais à la manière dont elle s’agenouilla à côté de sir Edward, il était facile de voir que tout en se rappelant son Créateur, elle ne s’était pas entièrement oubliée elle-même.

La démarche de Mrs Wilson était plus posée que celle de sa sœur. Ses yeux fixés devant elle semblaient contempler cette éternité dont elle approchait. Sa figure, naturellement pensive, conservait la même expression, quoiqu’on pût y voir des traces d’une humilité plus profonde. Sa prière fut longue, et lorsqu’elle se releva, son corps seul semblait être de ce monde ; son âme était absorbée dans des contemplations sublimes bien au-delà des limites de cette sphère matérielle.

Jane avait pris place à côté de sa mère. Clara, ordinairement si calme et si tranquille, changeait à chaque instant de couleur, et ses yeux distraits se dirigeaient de temps en temps sur la chaire, comme dans l’espoir d’y rencontrer déjà celui qu’elle brûlait d’entendre. Émilie s’était glissée auprès de sa tante, et, dans son main-