Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/346

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps en temps au château de Lumley, résidence de la comtesse, qui n’était qu’à deux journées de distance de la paroisse du docteur ; bientôt ces réunions devinrent impossibles ; la santé de lady Pendennyss, de plus en plus languissante, ne lui permit plus de voyager. Le docteur ne pouvant se décider à vivre entièrement séparé de son ami, poussait de loin en loin ses excursions jusqu’au pays de Galles, et quoique ses visites n’eussent lieu qu’à de grands intervalles l’une de l’autre, elles produisaient les plus heureux effets.

M. Denbigh, qui voyait dépérir sa femme sous ses yeux, s’abandonnait souvent à une douleur qui tenait du désespoir. Le docteur Yves lui apprit à chercher des consolations où il pouvait seulement espérer d’en trouver, dans une piété fervente et solide. Son ami prêtait une oreille avide à ses conseils ; la persuasion entrait doucement dans son âme, et si le chagrin qui le consumait devait le conduire prématurément au tombeau, il sentait du moins qu’il y descendrait avec l’espérance fondée d’une résurrection bienheureuse.



CHAPITRE XLVI.


Ne croyez pas ce qu’on vous a dit de ma démence ; ma tête est saine ; mais, hélas ! mon cœur ne pouvait braver la violence d’une semblable douleur.
CrabbeLe Maniaque.


À l’époque où la santé de lady Pendennyss avait, éprouvé une altération si sensible, à la suite de ses couches, les médecins avaient prescrit le changement d’air comme le meilleur remède à son mal ; et Denbigh revenait avec son épouse d’une excursion qu’il avait été faire dans le nord de l’Angleterre, dans le vain espoir de la distraire et de la guérir, lorsque, surpris par un orage, ils furent obligés de chercher un abri dans la première maison qui s’offrit. C’était une petite ferme dont les habitants firent tous leurs efforts pour recevoir de leur mieux leurs hôtes ;