Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/392

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reuse qu’une femme puisse désirer. Épouse d’un mari pieux, aimé de tous, et méritant de l’être.

— Oui, répondit Mrs Wilson ; ils sont aussi heureux qu’il est possible de l’être dans ce monde, et de plus ils sont préparés à supporter avec courage les revers qui pourraient leur arriver, et à s’acquitter chrétiennement des devoirs que leur nouvel état leur impose. Je ne crois pas, ajouta-t-elle d’un air pensif, que Pendennyss puisse jamais douter des affections d’une femme telle qu’Émilie.

— Et moi, dit le docteur en souriant, je ne conçois pas ce qui peut vous inspirer une pensée si injurieuse au caractère connu de George.

— La seule chose qui m’ait jamais déplu en lui, c’est la défiance qui l’a porté à adopter un faux nom pour s’introduire dans notre famille.

— Il ne l’a pas adopté, Madame ; le hasard et les circonstances accidentelles l’y ont entraîné, et en réfléchissant à l’impression profonde qu’avait faite sur son esprit la conduite de sa mère, à sa grande richesse et à son rang élevé, vous ne vous étonnerez plus qu’il ait cédé à la tentation de se servir d’une supercherie plus innocente qu’injurieuse.

— Docteur Yves, dit Mrs Wilson, je ne m’attendais pas à vous entendre défendre l’imposture.

— Je ne la défends pas, Madame, répondit le docteur Yves en souriant ; j’avoue la faute de George ; ma femme, mon fils et moi nous nous sommes réunis pour lui faire dans le temps des remontrances à ce sujet. Je dis que la réussite même ne justifierait pas les moyens illégitimes qu’on avait employés pour y arriver, et qu’il était toujours dangereux de se départir des règles ordinaires.

— Et vous n’avez pu convaincre votre auditoire, dit Mrs Wilson avec gaieté ; c’était donc la première fois, mon cher docteur ?

— De la flatterie, Mrs Wilson ? Est-ce donc pour me prouver qu’il n’y a personne sans défaut ? Je le convainquis de la vérité du principe ; mais le comte prétendit que le cas où il se trouvait faisait une exception innocente : il avait, je crois, la vanité de penser qu’en cachant son véritable nom il se faisait plus de tort qu’à aucun autre ; enfin il m’exposa tant de raisons différentes, que j’en fus presque étourdi, et il fallut bien capituler. Au reste,