Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/87

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fils d’un alderman… de… de M. Jarvis, du doyenné de B*** dans le Northamptonshire, fissiez des excuses à un aventurier que personne ne connaît.

— Mais encore une fois qui paiera mes dettes ? répéta le capitaine en frappant du pied.

— Comment ! Henri, s’écria la mère ; préférez-vous l’argent à l’honneur ?

— Non, ma mère, mais j’aime aussi la bonne chère ; et que voulez vous que je fasse avec ma paie toute seule ?

— Henri ! s’écria la mère dans un accès de rage, vous n’êtes pas digne d’être militaire ; que ne suis-je à votre place !

— Je voudrais de tout mon cœur que vous y fussiez depuis une heure, pensa Jarvis.

Après avoir discuté ou plutôt disputé bien longtemps, ils convinrent de s’en rapporter à la décision du colonel Egerton. La mère ne doutait pas qu’il ne se rangeât de son parti, pour soutenir la dignité de la famille des Jarvis, à laquelle il avait assuré mille fois qu’il s’intéressait autant qu’à la sienne propre.

Le capitaine était bien décidé à toucher les cinq cents livres que lui donnait ordinairement son père, quelle que fût la décision de son ami ; mais heureusement elle se trouva conforme à ses désirs, et il n’eut pas besoin de mécontenter un de ses parents pour obéir à l’autre. Mrs Jarvis proposa la question au colonel lorsqu’il revint de la promenade, et elle était sûre qu’il serait de son avis. — Le colonel et moi nous sommes toujours d’accord, disait-elle. La dame avait raison ; car, lorsque l’intérêt d’Egerton exigeait qu’elle partageât son opinion, il avait l’art de l’y ramener toujours sans qu’elle s’en doutât.

— Mais, Madame, dit-il avec un de ses plus agréables sourires, faire des excuses, c’est une démarche qui, lorsqu’elle est volontaire, n’a rien d’humiliant ; vous avez certainement raison dans votre manière de voir sur l’honneur d’un militaire, mais qui pourrait douter de celui du capitaine après la manière dont il s’est montré dans cette affaire ? Si M. Denbigh n’a pas voulu accepter son défi, chose très-extraordinaire, je l’avoue, que peut-il faire de plus ? il ne peut forcer un homme à se battre malgré lui.

— Cela est vrai, s’écria la mère avec impatience, je ne demande pas qu’il se batte, le Ciel m’en préserve ; mais l’agresseur doit-il demander pardon ? Je suis sûr de voir les choses sous leur véri-