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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/219

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se fût un peu éclairci, et que l’œil pût embrasser un circuit d’environ cent pieds, on n’apercevait rien dans cet espace, à l’exception de l’élément inquiet et du noble croiseur de la reine Anne, flottant sur les vagues.

Bien que les effets de cet incident singulier fussent différemment ressentis parmi les gens de l’équipage, le désappointement fut général. L’impression commune devint certainement défavorable au caractère terrestre du brigantin ; et lorsque des opinions de cette nature prennent possession d’esprits ignorants, elles ne sont pas aisément détruites. Trysail lui-même, quoique ayant l’expérience de l’art qu’emploient ceux qui se jouent des revenus de la couronne, était disposé à croire que ce n’étaient là ni lueurs flottantes ni fausses balises, mais une manifestation que des objets surnaturels pouvaient se montrer quelquefois sur les ondes. Si le capitaine Ludlow pensa différemment, il ne jugea point à propos d’entrer en explication avec ceux dont le devoir était de lui obéir en silence. Il se promena sur le gaillard d’arrière pendant quelques minutes, et donna ses ordres au lieutenant, également désappointé. Les voiles légères de la Coquette furent ployées, les bonnettes détendues et les boute-hors assujettis. Alors le vaisseau fut amené au vent ; et, serrant davantage la côte, le petit hunier fut jeté au mât. Dans cette position, le croiseur attendit la lueur du matin, afin de donner plus de certitude à ses mouvements.



CHAPITRE XIX.


Moi, John Turner, je suis maître et propriétaire d’un schooner au pont élevé, qui est frété pour la Caroline.
Chanson des Côtes.


Il est inutile de dire avec quel intérêt l’alderman van Beverout et son ami le patron avaient suivi toutes les manœuvres de la Coquette. Quelque chose qui ressemblait beaucoup à une exclamation de plaisir avait échappé au premier, lorsqu’il apprit que le vaisseau avait perdu de vue le brigantin, et qu’il n’était pas probable qu’il pût l’atteindre pendant la nuit.

— Quelle était la nécessité de poursuivre ces mouches luisantes