Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/224

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

encore un bruit de voiles, qui, cédant d’abord à une impulsion puissante, fut promptement apaisé.

— Écoutez, s’écria Ludlow d’une voix un peu plus haute, le brigantin change de bord son gui de basse voile. Avancez, et que tout soit prêt pour l’abordage !

L’équipage à moitié endormi se réveilla et fit usage de ses avirons ; le moment d’ensuite leur fit apercevoir des voiles, brillant malgré l’obscurité presque en travers de leur course.

— Maintenant, fermes sur vos avirons, continua Ludlow avec l’ardeur d’un marin excité par une poursuite. Nous avons l’avantage sur lui, il est à nous ! Un coup allongé et fort ! Avec calme, tous ensemble.

L’équipage aguerri fit son devoir. À peine un moment s’était écoulé, qu’il fut près de l’objet de sa poursuite.

— Un nouveau coup d’aviron, s’écria Ludlow, et il est à nous. Les grappins et vos armes !… En avant… Abordez !

Ces ordres produisirent sur les matelots du croiseur l’effet du clairon guerrier. L’équipage poussa un cri. On entendit le cliquetis des armes, et bientôt le bruit des pas sur le pont du vaisseau annonça le succès de l’entreprise. La minute qui suivit fut active et bruyante. Les cris des vainqueurs avaient été entendus dans l’éloignement, ainsi que le bruit des fusées volantes, par les autres bateaux, qui répondaient à ces signaux par des cris d’allégresse. L’Océan resplendit d’une clarté subite, et le mugissement d’un des canons de la Coquette ajouta à ce fracas. Le vaisseau hissa plusieurs lanternes afin d’indiquer sa position, tandis que des lumières bleues et d’autres signaux marins brûlaient constamment dans les bateaux, comme si ceux qui les commandaient eussent voulu effrayer les vaincus en leur montrant toute leur force.

Au milieu de cette scène bruyante, où le tumulte avait remplacé subitement le calme le plus profond, Ludlow commença à regarder autour de lui, afin de mettre en sûreté les objets principaux de sa capture. Il avait répété ses ordres concernant les cabines et la personne de l’Écumeur, au milieu des diverses instructions données aux équipages des autres bateaux ; et lorsqu’il fut paisible possesseur de la prise, le jeune homme se précipita dans l’intérieur du vaisseau avec un cœur qui battait plus violemment encore qu’au moment de l’abordage. Ouvrir la porte