Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/230

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dire avec quelle ardeur l’œil de notre jeune marin parcourut l’horizon, afin d’observer les objets qui pourraient s’y présenter. L’espoir trompé se peignit sur son visage, puis bientôt une expression de joie lui succéda.

— Je le croyais parti, dit Ludlow à son premier lieutenant, mais le voilà sous le vent, auprès de cette ligne de brouillard qui s’élève, et aussi immobile sous notre vent que la fortune pouvait nous l’envoyer. Faites couvrir la Coquette de voiles depuis le haut jusqu’en bas, appelez tous les matelots ; que nous montrions à cet insolent ce qu’un croiseur de Sa Majesté peut faire au besoin !

Cet ordre fut le signal d’un mouvement général et rapide, pendant lequel chaque matelot fit usage de toute son habileté.

Le cri, Tout le monde en haut ! fut à peine prononcé que, les marins s’élancèrent de toutes les parties du vaisseau, et, joignant leurs efforts à ceux des matelots de quart qui étaient sur le pont, couvrirent les espars de la Coquette d’un nuage de voiles blanches. Non contents de recevoir la brise sur les surfaces que les vergues ordinaires pouvaient étendre, ils suspendirent des boute-hors au-dessus de l’eau, et les voiles s’entassèrent sur les voiles jusqu’à ce que les mâts courbés n’en pussent supporter davantage. La carène qui soutenait cette masse pyramidale de cordages, d’espars et de voiles, céda à cette puissante impulsion ; et la corvette, qui, outre la foule des matelots, supportait un poids si lourd d’artillerie, de provisions et de munitions, commença à diviser les vagues avec la force imposante et calme d’un vaisseau de premier ordre ; la mer se brisait contre ses flancs, comme elle se brise contre les rochers, mais le paisible bâtiment résistait à tous ses efforts. Cependant, lorsque le vent augmenta et que le vaisseau s’éloigna des côtes, la surface de l’Océan devint de plus en plus agitée, jusqu’à ce que les hauteurs qui étaient derrière la villa de Lust-in-Rust se perdissent dans l’horizon ; alors on pouvait voir le mât de perroquet volant du vaisseau, décrire de larges cercles contre l’horizon, et les sombres flancs du bâtiment, soulevés momentanément par un long roulis, briller sur l’élément qui le soutenait.

L’objet qui avait d’abord paru aux regards de Ludlow comme une tache sur l’horizon, prit bientôt la forme gracieuse et symétrique du brigantin bien connu. On voyait clairement ses légers espars suivant le balancement de la carène et dépourvus de