Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/269

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— Quelques personnes de ce pays aiment à croire que notre baie, ses nuages d’été, et le climat en général doivent avoir une exacte ressemblance avec ceux d’une région qui est absolument dans la même latitude que nous, dit Alida avec précipitation, et trahissant le désir qu’elle éprouvait d’entretenir la paix entre ses hôtes.

— On ne peut nier que le Manhattan et le Rariton ne soient de beaux fleuves, et que des êtres charmants n’habitent sur leurs rives, Madame, reprit Seadrift en soulevant galamment son bonnet, j’en suis témoin ; mais il aurait été plus sage de choisir un autre point de comparaison parmi vos avantages, que celle des eaux transparentes des îles fantastiques et montagneuses, et des collines brillantes de soleil de la Naples moderne. Il est certain que la latitude elle-même est en votre faveur, et qu’un soleil bienfaisant chauffe et éclaire aussi bien dans une région que dans l’autre. Mais les forêts d’Amérique sont encore trop remplies de vapeurs et d’exhalaisons pour ne pas corrompre la pureté de votre air natal. Si je suis familier avec les côtes de la Méditerranée, je ne suis point étranger à celles de l’Amérique. En même temps qu’il y a plusieurs points de ressemblance dans leurs climats, il y a aussi des causes marquées de différence.

— Apprenez-nous donc ce qui cause ces distinctions, afin que, lorsque nous parlerons de votre baie et de vos nuages, nous ne commettions point d’erreur.

— Vous me faites honneur, Madame ; je ne suis point un savant, et j’ai peu d’éloquence. Cependant, je vous ferai part de quelques observations que j’ai été à portée de faire. L’atmosphère italienne, prenant l’humidité des airs, est quelquefois nébuleuse. Cependant les grandes pluies sont fort rares dans ces régions éloignées. Le lit d’une rivière d’Italie est souvent bien sec pendant les mois où le soleil a le plus d’influence. L’effet en est visible dans l’air, qui est en général élastique, sec et obéissant aux lois générales du climat. On y voit flotter moins d’exhalaisons, sous la forme de légères et presque imperceptibles vapeurs, que dans ces régions boisées… C’est du moins ce qu’avait l’habitude de dire celui qui a guidé ma jeunesse.

— Vous semblez hésiter à nous parler de nos nuages, de notre crépuscule et de notre baie ?

— Je vais le faire, et sincèrement. Quant aux baies, elles sem-