Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/344

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contre un vaisseau qui ne connaissait pas la navigation des côtes, et qui le feraient nécessairement tomber entre leurs mains.

— Admettant que, tenant toujours le milieu du canal, il passe sans danger la Pierre blanche et les Grenouilles, dit-il en conservant au Throgmorton son nom vulgaire, ce sera un sorcier s’il sait que les marches de pierre sont directement en travers de sa course, et qu’un vaisseau doit se diriger au nord, ou qu’il ira s’engager entre des rochers qui le retiendront comme s’il y avait été construit. Il court encore la chance des Exécuteurs, qui sont aussi heureusement placés que possible pour faire fleurir notre commerce ; outre la Terre du Milieu plus loin à l’est, car je compte peu sur elle, ayant souvent cherché à la trouver moi-même, mais sans succès. Courage ! noble capitaine ; si cet homme est celui dont vous parlez, nous le verrons de plus près avant le coucher du soleil, car certainement celui qui a passé sans pilote la Porte d’Enfer en sûreté a eu autant de bonheur qu’il peut lui en arriver dans une journée.

Cette opinion sur la branche orientale de la rivière se trouva fausse. Malgré les périls cachés dont elle était environnée, la Sorcière des Eaux continua sa route avec une rapidité qui augmentait à mesure que le vent s’élevait en même temps que le soleil, et avec une intrépidité qui étonnait tous ceux qui étaient dans le secret de sa situation. Au delà du Throgmorton il y avait en effet un danger qui pouvait confondre la sagacité des favoris de la mystérieuse dame eux-mêmes, s’ils n’avaient pas été aidés par un accident : c’est au lieu où le détroit formé par le bras de mer, se répand dans le bassin du Sound. Un large et en apparence un commode passage se trouve au milieu du chemin du navigateur, et auprès duquel, comme auprès des espérances flatteuses de la vie, il se trouve des obstacles cachés et sans nombre qui peuvent arrêter l’ignorant.

L’Écumeur de Mer avait une habitude profonde des bas-fonds et des rochers ; une partie de sa vie s’était passée à voguer sur les uns et à éviter les autres. Son œil était si perçant et si prompt à découvrir quelques-uns de ces signes qui avertissent le marin d’un danger caché, qu’une petite élévation sur la surface de l’eau ou une nuance plus sombre dans sa couleur échappaient rarement à sa vigilance. Assis sur la vergue de perroquet de son brigantin, il avait surveillé le passage depuis le moment où il traversa la