Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/349

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— On nous a vus, interrompit le maître. C’est un vaisseau qui a de l’usage ; il déploie déjà ses voiles de perroquet.

Il ne restait aucun choix entre une fuite précipitée et les préparatifs du combat. Le premier projet aurait été facile, car une heure aurait suffi pour conduire le vaisseau au-delà du cap ; mais le second était plus en rapport avec l’esprit du service auquel la Coquette appartenait. L’ordre fut donné de préparer tout pour le combat. Il est dans la nature du matelot de se réjouir d’un tel ordre, car le succès et l’audace marchent de compagnie, et une longue habitude du premier avait, même à cette époque éloignée, donné une confiance qui approchait presque de la témérité aux marins de la Grande-Bretagne et de ses dépendances. L’ordre de se préparer à une action fut donc reçu par le faible équipage de la Coquette comme il l’avait souvent été lorsque ses ponts étaient remplis du nombre de matelots nécessaire pour donner à son armement toute son efficacité, quoique quelques-uns des plus vieux et des plus expérimentés des hommes de l’équipage, chez lesquels l’âge avait diminué la confiance, secouassent la tête, comme s’ils eussent trouvé de l’imprudence dans cette résolution.

Quelle que fût la secrète hésitation de Ludlow lorsqu’il eut reconnu la force et le caractère de son ennemi, il ne manifesta aucun signe d’irrésolution depuis le moment où son parti parut être pris : les ordres nécessaires furent donnés avec calme, et avec la clarté et la promptitude qui constituent peut-être le principal mérite d’un capitaine de vaisseau. Les boute-hors furent descendus, les voiles hautes serrées, enfin tous les préparatifs ordinaires en pareille occasion furent faits avec autant d’adresse que d’activité. Puis le tambour battit aux quartiers, et lorsque les matelots furent à leurs postes, le jeune commandant eut une meilleure occasion d’examiner les véritables forces de son vaisseau. Appelant le maître, il descendit avec lui à la poupe afin de pouvoir causer avec moins de risque d’être entendu, et en même temps afin de pouvoir mieux observer les manœuvres du vaisseau ennemi.

L’étranger, comme Trysail l’observa, avait subitement tourné sur la quille, et mis son avant au nord : ce changement l’amena devant le vent ; et comme il déploya aussitôt toutes ses voiles il avança rapidement. Sa carène s’était élevée au-dessus de l’eau, pendant les préparatifs de la Coquette, et Ludlow ainsi que son