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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/35

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air de grandeur que ses usages ordinaires ne permettraient pas d’espérer.

Bien que les premiers colons de New-York eussent un goût particulier pour la marine, ils étaient bien moins entreprenants, comme navigateurs, que ne le furent dans la suite leurs descendants. Traverser la baie était un événement qui n’arrivait pas souvent dans la vie tranquille des bourgeois, et l’on se rappelle encore aujourd’hui qu’un voyage entre les deux principales villes des États-Unis, était une entreprise qui excitait les inquiétudes des amis et l’anxiété des voyageurs. Les dangers du Tappaan-Zee, c’est ainsi qu’on appelle encore aujourd’hui le point de la plus grande largeur de l’Hudson, étaient souvent racontés par les commères de la colonie et mis au nombre de leurs merveilles, et celle qui s’était le plus souvent exposée à ces dangers était regardée comme une espèce d’amazone de mer.



CHAPITRE III.


Ce garçon me rassure beaucoup ; je crois qu’il ne court aucun risque d’être noyé : sa destinée est d’être pendu.
Shakspeare. La Tempête.


Nous avons dit que la périagua était en mouvement avant que nos deux voyageurs pussent l’atteindre. L’arrivée du patron de Kinderhook et celle de l’alderman van Beverout était attendue, et le maître du bateau était parti au moment précis de la marée, afin de prouver, par une indépendance qui a un charme particulier pour les gens de son état, que le temps et la marée n’attendent personne. Cependant il y eut des bornes à cette décision, et il prit un soin tout particulier qu’une pratique aussi constante que l’alderman ne courût aucun danger. Lorsque van Beverout et son compagnon furent embarqués, on jeta les câbles à bord, et l’équipage se disposa à diriger le petit bâtiment vers l’embouchure de la crique. Pendant ces mouvements, un jeune nègre était assis sur l’avant, et ses jambes pendaient des deux côtés du