Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/34

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sance, parmi les descendants des premiers colons, à l’opinion que ce dernier langage est simplement un patois du premier. Cette opinion, qui a une si grande ressemblance avec celle qu’entretiennent quelques érudits anglais des plagiats des écrivains du continent, lorsqu’ils commencèrent à puiser dans leurs ouvrages, n’est pas parfaitement vraie, puisque la langue anglaise a probablement autant donné à notre dialecte qu’il a reçu des sources les plus pures de l’école de Hollande.

Çà et là on voyait un grave bourgeois, encore en bonnet de nuit, montrant sa tête à une croisée élevée, écoutant le jargon barbare des noirs, et prenant note, avec une impassible gravité, de toutes les plaisanteries joyeuses qui volaient de bouche en bouche.

Comme les mouvements du bac étaient nécessairement fort lents, l’alderman et son compagnon eurent le temps de sauter dedans avant qu’il ne fût détaché du port. La périagua, c’est ainsi que le bateau était appelé, participait de la construction américaine et de celle d’Europe. Elle avait la longueur étroite et l’avant soigné du canot, d’où son nom dérivait, avec le fond plat et les bas bords d’un bateau construit pour les eaux basses de Hollande. Il y a vingt ans, des vaisseaux semblables abondaient dans nos rivières, et, même aujourd’hui, leurs mâts trop longs et sans soutien, et leurs voiles étroites vers le haut, se voient encore journellement ployant sous la brise comme des roseaux, et s’agitant légèrement sur les vagues de la baie. Il y a une variété de la même classe, d’un calibre et d’une prétention supérieurs à ceux que nous venons de nommer, et qui méritent une place parmi les bateaux les plus élégants et les plus pittoresques qui aient jamais été mis à flot. Celui qui a eu l’occasion de naviguer vers les îles de la Sonde doit avoir souvent remarqué des vaisseaux semblables à ceux-ci. Ils se distinguent par leur longueur et leurs mâts qui, dépourvus de cordages, s’élancent de la carène comme deux arbres hauts et parfaitement droits. Lorsque l’œil parcourt la hauteur prodigieuse des voiles, la noble hardiesse des agrès, et voit cette vaste machine conduite avec autant d’aisance que de grâce par l’habileté de deux mariniers sans crainte, cette vue excite la même admiration que celle d’un temple sévère de l’antiquité. La construction, d’une simplicité nue, jointe à la hardiesse et à la rapidité de ses mouvements, donne à ce bateau un