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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/388

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— C’est bien, priez l’alderman de monter sur le pont, mon temps est limité, et j’ai beaucoup à dire…

L’Écumeur s’arrêta, car dans cet instant une lumière soudaine brilla sur l’Océan, le vaisseau et l’équipage. Les deux marins se regardèrent en silence, et reculèrent en même temps comme devant une attaque terrible et inattendue. Mais une lueur brillante qui s’élança d’une des écoutilles d’avant du vaisseau, expliqua ce nouveau malheur. Dans ce moment, le profond silence qu’on avait observé depuis que les voiles étaient déployées fut rompu, et l’on entendit de tous côtés ce cri effrayant : — au feu !

L’alarme qui venait de jeter l’effroi dans tous les cœurs se fit entendre dans les profondeurs du vaisseau. Les sons étouffés de la cale, le craquement des ponts, et les ordres précipités, se succédèrent avec la rapidité de l’éclair. Une douzaine de voix répétèrent ce mot, la grenade ! proclamant en même temps et le danger et la cause. Un instant auparavant, les voiles gonflées, les sombres espars et les faibles lignes des cordages ne pouvaient être vus qu’à la lueur incertaine des étoiles, et maintenant la masse entière du vaisseau, dans tous ses détails, n’était que plus visible par l’arrière-plan obscur sur lequel il se détachait. Le coup d’œil était effrayant et beau ; beau, car il montrait la symétrie des agrès et les contours gracieux du vaisseau, les groupes de marins ressemblant à des statues vues à la lumière des torches ; effrayant, puisque le sombre vide qui entourait ces malheureux proclamait toute l’horreur de leur sort.

Il y eut un moment d’éloquent silence, lorsque tous les spectateurs de cette scène contemplaient ce spectacle dans un muet effroi. Alors une voix s’éleva claire et distincte, au-dessus des mugissements sourds de ce torrent de feu qui se frayait un chemin par toutes les issues du vaisseau.

— Appelez tout le monde pour éteindre le feu ! Messieurs, à vos postes. Soyez calmes, mes amis, et silencieux !

Il y avait dans la voix du jeune commandant un sang-froid et une autorité qui l’emportèrent sur les sentiments impétueux des matelots de l’équipage. Accoutumés à l’obéissance et à l’ordre, chaque homme se mit à remplir le devoir différent qui lui était assigné. Dans cet instant, une figure gigantesque se montra près des écoutilles, elle leva la main, et la voix qu’elle fit entendre avait l’habitude de parler au milieu des tempêtes.