Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/401

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que ce soit un secret pour quelques-uns de ceux qui sont avec nous.

— C’est en effet une mer un peu déserte pour y naviguer en radeau ! Si nous étions dans les mers étroites qui séparent les Îles-Britanniques du continent, ou même dans la baie de Biscaye, on pourrait espérer que quelque vaisseau marchand, ou quelque croiseur, se trouverait sur notre passage ; mais nous n’avons d’autre chance ici que la frégate française ou le brigantin.

— L’ennemi a sans doute vu et entendu l’explosion ; et comme la terre est si proche, il doit croire que nous nous sommes sauvés dans les bateaux. Notre chance de rencontrer les Français est diminuée par l’accident du feu, et ils n’ont plus aucun motif apparent de rester sur la côte.

— Et vos jeunes officiers, abandonneront-ils leur capitaine sans venir à son secours ?

— Je n’ai aucune espérance de ce côté-là. Le vaisseau a couru quelques milles pendant qu’il était enflammé, et avant que le jour revienne, ces espars et la marée nous auront conduits bien loin en pleine mer.

— Il est vrai que j’ai navigué sous de meilleurs augures, répondit l’Écumeur. À quelle distance à peu près sommes-nous de la terre, et de quel côté est-elle ?

— Elle est au nord, et nous allons rapidement à l’est et au sud. Avant le jour, nous serons en face de Montauk, sinon au-delà ; nous devons être déjà à quelques lieues au large.

— Cela n’est pas ce que j’avais imaginé ; mais il y a l’espérance du retour de la marée ?

— La marée nous ramènera en effet vers le nord. — Mais que pensez-vous des cieux ?

— Ils n’ont rien de favorable, quoique leur aspect ne soit pas désespérant. La brise de mer reviendra avec le soleil.

— Et avec elle reviendra l’agitation des vagues ! Combien de temps ces espars mal assujettis tiendront-ils ensemble, lorsqu’ils seront ébranlés par le roulis ? et ceux qui sont avec nous pourront-ils supporter l’humidité de la mer sans être soutenus par aucun aliment ?

— Vous peignez avec de sombres couleurs, capitaine Ludlow, dit le contrebandier en respirant péniblement malgré toute sa résolution. Mon expérience me dit que vous avez raison, quoique