Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/411

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cependant de bonheur, sur le visage de ceux qui se promenaient dans les environs des bâtiments, comme si quelque événement heureux avait été accompagné de quelque grave et triste circonstance. Les nègres paraissaient jouir de leur goût pour tout ce qui est extraordinaire, un des résultats de l’ignorance, tandis que ceux d’une race plus fortunée ressemblaient à des hommes qui conservent le souvenir de maux récemment passés.

Une entrevue eut lieu dans l’appartement particulier du bourgeois, elle se passa entre l’alderman et le contrebandier, et l’on pouvait lire dans les regards de l’un et de l’autre qu’il était question d’une affaire aussi intéressante que sérieuse. Cependant un observateur habitué à deviner l’expression du visage aurait pu voir que le second allait entamer un sujet qui touchait à ses plus chers sentiments, et que l’autre n’était occupé que des intérêts de son commerce.

— Mes minutes sont comptées, dit le marin s’avançant jusqu’au centre de l’appartement, et regardant son compagnon en face. Ce que j’ai à dire doit être dit brièvement ; le passage ne peut être franchi qu’au moment de la marée, et je demande à votre prudence si je dois rester jusqu’à ce que les nouvelles de ce qui nous est arrivé en mer soient connues dans la province.

— C’est parler avec la discrétion d’un corsaire ! Cette réserve perpétuera notre amitié, qui n’a point été affaiblie par l’activité que vous avez montrée dans notre incommode voyage sur les vergues et sur les mâts du défunt croiseur de la reine Anne. Je ne souhaite certainement aucun mal aux officiers à son service, mais c’est bien dommage que vous ne soyez pas prêt, maintenant que la côte est nettoyée, avec une bonne et lourde cargaison ! La dernière était simplement une affaire de tiroirs secrets et de riches dentelles, précieuses en elles-mêmes et profitables par l’échange, mais la colonie a bien besoin de certains articles qui ne peuvent être débarqués qu’à loisir.

— Je viens pour d’autres affaires. Il y a eu entre nous des transactions que vous comprenez fort peu, alderman van Beverout ?

— Vous parlez d’une petite erreur dans le dernier envoi. Tout s’est expliqué dans un nouvel examen, et votre exactitude est aussi bien établie que celle de la banque d’Angleterre.

— Établie ou non, que ceux qui en doutent cessent tout commerce avec moi. Je n’ai pas d’autre devise que confiance, d’autre règle que la justice.