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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/417

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aussi spirituelle que la belle Barberie pouvait exercer sur son oncle, vous vous rappellerez que c’était avant que l’expérience m’eût appris à estimer en elle quelque chose de plus que sa beauté. Elle fut enlevée dans son pavillon par mes agents et transportée comme captive dans le brigantin.

— Je l’avais crue instruite de l’histoire de sa cousine, et consentant à l’aider dans quelque plan romanesque qui devait rendre Eudora à ses amis.

— Vous rendiez justice à son désintéressement. Pour me faire pardonner ma hardiesse, et comme le plus sûr moyen d’apaiser ses alarmes, je l’instruisis des faits relatifs à sa cousine. Eudora apprit alors pour la première fois le secret de son existence. L’évidence était irrésistible, et nous trouvâmes une amie généreuse et dévouée, là où nous avions craint une rivale.

— Je savais qu’Alida était la générosité même, s’écria Ludlow en portant à ses lèvres la main de la jeune fille qui rougissait. La perte de la fortune est un gain, puisqu’elle sert à montrer son véritable caractère.

— Chut ! — chut ! interrompit l’alderman, il est inutile de proclamer une perte, de quelque genre que ce soit. Il faut se soumettre à ce que la justice exige ; mais à quoi sert de proclamer par toute la colonie si l’on donne beaucoup ou peu en mariage à une jeune fille !

— La perte de fortune sera pleinement compensée, dit le contrebandier. Ces sacs contiennent de l’or. La dot de ma pupille est prête aussitôt qu’elle aura fait son choix.

— Succès et prudence ! s’écria le bourgeois ; c’est une prévoyance très-recommandable, maître Écumeur, et quelle que soit l’opinion des juges de l’échiquier sur ta ponctualité et ton crédit, je réponds, moi, qu’il y a des gens qui en ont moins à la banque d’Angleterre elle-même ! Cet argent appartient sans doute légalement à la jeune fille, par l’héritage de son grand-père ?

— Oui.

— Je saisis ce moment pour parler avec franchise sur un sujet qui me touche le cœur, et qui peut être dévoilé sous d’aussi favorables auspices. J’ai entendu dire, monsieur van Staats, qu’après avoir examiné vos sentiments envers un vieil ami, vous pensiez qu’une alliance qui le touche de plus près que celle qui était convenue pouvait vous conduire au bonheur ?

— J’avoue que la froideur de la belle Barberie a détruit mon