Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/7

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Les Anglais disposèrent même du fief de Courlande, quoiqu’il appartînt à une noble famille hollandaise de ce nom ; ils donnèrent ainsi Livingstone à Livingstone, Morrisania à Morris, Pellham à Pell, Philipse à Felipse, Scarsdale à Heathcote, Coldenham à Colden, Johnstown à Johnson, et beaucoup d’autres. Quelques-uns de ces fiefs avaient le droit d’envoyer des membres au parlement, et devinrent en effet autant de bourgs pourris. C’est une erreur de croire que les biens ne se perpétuassent pas dans les familles en Amérique, comme dans d’autres pays. Avant la révolution, tous ces fiefs étaient substitués, et depuis, il est probable que les subdivisions et les ventes n’ont pas été plus fréquentes que ne le sont les constitutions, les hypothèques et les autres modes d’aliénation en Angleterre. Lors même que la propriété aurait été très-divisée, c’est un fait que l’accroissement de sa valeur a plus que maintenu le niveau. Dans une grande partie des États-Unis, la propriété doit nécessairement être restreinte, par la simple raison que la culture du sol remonte à une époque peu éloignée encore ; mais dans les portions plus anciennement cultivées de l’État de New-York en particulier, les descendants des premiers lords des fiefs sont plus ou moins en jouissance des biens de leurs ancêtres. On peut citer à l’appui les noms suivants, choisis entre beaucoup d’autres, dont les possessions sont moins étendues : — Van Rensselaer, de Rensselaerwyck ou « le Patron, » ainsi qu’on l’appelle par excellence, qui possède un comté entier, situé au centre de la province ; Livingstones, seigneur de fiefs hauts et bas ; Philipse, « of that ilk » du même lieu, comme l’on dirait en Écosse, le Van Courtlandts de Courtlandt, Jones de Fort-Neck ; Nicoll de Islip ; Nicoll de Shetta Island ; Morris de Morrisania, etc. Ce fait est digne d’attention, car il prouve la fausseté de ce qu’on a avancé concernant l’instabilité de la propriété territoriale en Amérique, et il tend à affaiblir les préjugés de quelques individus contre le gouvernement populaire. Bien loin d’être surpris du petit nombre des propriétés, on doit s’étonner qu’une masse si considérable de terre se soit transmise dans les mêmes familles pendant une suite de générations, dans un pays où la substitution n’existe pas, et qui de mémoire d’homme a accru sa population de un à sept.

On a reproché à cet ouvrage le manque de vraisemblance des événements. Il est très-probable que cette opinion est venue d’une