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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/78

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nuit, avec toute l’admiration qu’un esprit comme le sien puise dans les beautés de la nature.

La lune était nouvelle, et le firmament brillait de myriades d’étoiles. La lumière se répandait doucement sur l’eau, quoique çà et là l’océan semblait réfléchir tous ses rayons. Un zéphir léger, et ce que les marins appellent un air lourd, venait de la mer, apportant avec lui la fraîcheur du soir ; la surface de l’immense nappe était parfaitement unie, soit en-deçà, soit au-delà de la barrière de sable qui forme le cap ; mais l’élément se soulevait lourdement comme un être endormi qui respire. Le mugissement des vagues qui venait expirer sur le sable, en écume blanche et brillante, était le seul bruit qui se fît entendre : il était continuel ; quelquefois il remplissait l’air ; plus souvent il était creux et menaçant, ou il venait mourir comme un murmure confus sur le rivage. Il y avait dans cette variété de sons et dans le calme solennel de la nuit, un charme qui attira Alida sur son petit balcon, et elle s’avança au-delà de son ombrage d’églantier musqué, afin d’apercevoir une partie de la baie qui n’était pas visible de ses fenêtres.

La belle Alida sourit lorsqu’elle vit les mâts obscurs et les sombres flancs d’un vaisseau qui était à l’ancre à l’extrémité du cap et sous son abri. Un regard d’orgueil brilla dans ses yeux noirs, et les beaux contours de sa bouche exprimèrent la conscience du pouvoir de ses charmes, tandis que d’une main elle frappait rapidement et sans le savoir le fer du balcon.

— Le loyal capitaine Ludlow a promptement terminé sa croisière ! dit la jeune fille d’une voix haute, car elle était sous l’influence d’un triomphe trop naturel pour être comprimé. Je vais bientôt partager les opinions de mon oncle, et croire que la reine est mal servie.

— Celui qui sert fidèlement une maîtresse n’a pas une tâche légère, répondit une voix sortant des arbrisseaux qui croissaient sous la fenêtre et la voilaient presque entièrement, mais celui qui se dévoue à deux en même temps doit craindre de ne réussir ni près de l’une ni près de l’autre.

Alida recula, et au même instant sa place fut occupée par le commandant de la Coquette. Avant de se hasarder à franchir la faible barrière qui le séparait encore du petit parloir, le jeune homme essaya de lire dans les yeux d’Alida, et, soit qu’il eût cru