Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/11

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de convenir qu’il est difficile de trouver des rivages plus charmants que les siens.

À Mayence, nous passâmes sur la droite du fleuve, et, traversant les duchés de Nassau et de Darmstadt, nous entrâmes dans celui de Bade à Heidelberg. Là, nous nous assîmes sur le tonneau, nous examinâmes le château, et nous nous promenâmes dans des allées de jardins fort remarquables. De ce lieu nous nous dirigeâmes sur Manheim, tournant les yeux plus d’une fois vers la capitale de la France. L’indisposition d’une personne de notre société nous força de nous arrêter quelques heures à Manheim. Cette ville présente peu de matière à réflexions ; cependant on y peut faire celle-ci, que la symétrie et la régularité qui donnent de la magnificence aux grandes villes rendent les petites mesquines.

Par un brillant jour d’automne, nous retournâmes, en suivant la rive gauche du Rhin, sur la route de Paris. Les désirs du malade lui donnaient l’apparence de la force, et nous espérions pénétrer dans les montagnes qui bordent le Palatinat du côté sud-ouest, et atteindre Kaiserslautern, sur la route du grand Napoléon, avant la nuit. Notre principal but était accompli, et, comme tous ceux qui ont effectué leurs projets, notre plus grand désir était de nous retrouver chez nous. Quelques postes nous convainquirent que le repos était encore nécessaire à notre invalide. Cette conviction, malheureusement comme je le croyais alors, vint trop tard ; car nous avions déjà traversé la plaine du Palatinat, et nous approchions de la chaîne de montagnes dont je viens de parler, qui sont une branche des Vosges, et qu’on connaît dans le pays sous le nom de Haart. Nous n’avions pas fait entrer un tel événement dans nos calculs, et une ancienne expérience nous avait appris à nous défier des auberges de cette partie isolée du royaume de Bavière. Je regrettais amèrement notre précipitation, lorsque la tour de l’église de Duerckheim perça au-dessus des vignes ; car, en approchant davantage de la base de la montagne, le terrain est légèrement ondulé et la vigne plus abondante. En avançant, le village ou le bourg nous promit peu de chose ; mais le postillon nous assura que l’auberge de la Poste était digne d’un roi, et, quant au vin, le même postillon ne crut pouvoir en faire un juste éloge que par un bruyant claquement de fouet, expression de plaisir la plus éloquente pour un Allemand de sa classe. Nous débattîmes la question d’avancer ou de