Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/126

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de peintures dont les sujets étaient tirés de l’histoire sainte et dus aux plus habiles peintres du pays. Le grand autel de marbre, richement incrusté d’agate, contenait, comme à l’ordinaire, une image de la Vierge Marie et de son divin Fils. Une grille dorée, d’un travail exquis, excluait les profanes de ce sanctuaire, qui, outre ses ornements habituels, resplendissait en ce moment de vases d’or et de pierres précieuses, étant préparé pour le sacrifice de la messe. L’officiant portait des vêtements surchargés de dorures et de broderies au point de leur donner une apparence de raideur. Les enfants de chœur étaient, selon l’usage, vêtus de blanc et avaient la taille entourée d’écharpes pourpres. Les sons de l’orgue et le chant des moines se joignant et cette scène de splendeur, pénétraient jusqu’au fond de l’âme, et portaient l’esprit à des contemplations célestes. Des études et une habitude de toute la vie avaient perfectionné l’art de la musique chez les moines, et toutes les notes qui résonnaient sous les voûtes du couvent produisaient l’effet désiré. Des trombones, des serpents et des violes aidaient à augmenter la mélodie solennelle de ces voix mâles, qui se mêlaient si bien aux instruments à vent, qu’on aurait cru n’entendre qu’un son grave dans ce concert de louanges adressées à l’Éternel. Le comte Emich se tourna sur son siège, portant la main sur la garde de son épée comme s’il eût entendu le son de la trompette ; puis son regard inquiet rencontra le regard de l’abbé, et il appuya sa tête sur sa main. À mesure que le service avançait, le zèle des religieux semblait augmenter, et, comme on le remarqua dans la suite, jamais, pendant la messe de Limbourg, la musique n’avait été si remarquable, et le service divin ne s’était accompli avec tant de splendeur. Les voix s’élevaient au-dessus des voix d’une manière qu’il serait difficile de comprendre sans l’avoir entendu, et il y avait des moments où les sons des instruments réunis semblaient voilés par un mélange de soupirs humains. Au milieu de cette auguste mélodie, il s’éleva un son devant lequel toute autre musique cessa. Une seule voix humaine se fit entendre : elle participait des sons graves et des sons féminins, qui semblaient presque surnaturels ; c’était un contraste dans toute sa plénitude et sa beauté. Le comte Emich tressaillit, car lorsque ces sons célestes parvinrent à ses oreilles, ils semblaient flotter dans la voûte au-dessus du chœur. Comme le chanteur était caché, il ne put, tant que dura le solo, chasser cette