Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/152

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CHAPITRE XI.


Valérie est venue pour vous rendre visite.
ShakspeareCoriolan.



Peu de moments suffirent pour amener la cavalcade du comte Emich aux portes d’Hartenbourg. Lorsque chacun fut descendu, et que les nouveau-venus et les habitants du château furent entrés, le seigneur du lieu embrassa de nouveau Ulrike et sa fille. Cette liberté était due à son double privilège de baron et d’hôte. Il reçut de nouveau encore cette fois l’approbation reconnaissante d’Heinrich Frey. Les dames furent ensuite confiées aux soins de Gisela, la fille du concierge, qui, en l’absence de sa noble maîtresse, faisait les honneurs du château.

— Vous êtes trois fois le bienvenu, franc et loyal Heinrich ! s’écria le comte avec chaleur en conduisant le bourgeois par la main dans les appartements d’honneur. Personne ne connaît ce que tu vaux, et ta constance en amitié, mieux que le maître de ce pauvre château ; et personne ne t’aime mieux non plus.

— Je vous fais tous les remerciements, noble Emich, qu’un homme d’humble naissance et d’humble éducation peut offrir à un seigneur aussi honoré. Je suis peu habitué aux politesses, excepté à celles que nous autres bourgeois recevons et rendons dans les rues, et je ne m’exprime peut-être pas avec autant de respect que je le devrais et que j’ai l’intention de le faire ; mais je vous en prie, seigneur comte, prenez mon désir pour la réalité.

— Si tu étais le chambellan favori de l’empereur, tes remerciements ne te feraient pas plus d’honneur ; bien que Duerckheim ne soit pas Madrid, c’est une ville très-respectable et fort policée, et tous ceux qui l’habitent ne doivent envier ni Rome ni Paris. Voilà mon parent de Viederhach, un chevalier que la Providence a jeté errant par le monde depuis la chute de l’île de Rhodes ; il