Aller au contenu

Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

passa une teinte rosée, ressemblant à un rayon de l’aurore sur le sommet neigeux des Alpes ; il n’est point ici question d’Heinrich Frey !

Le comte sourit et ses moustaches se soulevèrent jusque sur ses joues brunies.

— Vous avez raison, dit-il avec courtoisie, c’est de Berchthold et de Meta, auxquels nous nous intéressons. Je crois que entrevois les moyens d’accomplir ce que nous désirons en leur faveur et par des moyens qui s’offrent si rapidement, qu’ils ont l’air d’un don de la Providence.

— Ils n’en seront que plus acceptables, s’ils portent ce caractère.

— Vous savez, Ulrike, que je suis accablé des charges qui pèsent sur tous ceux de ma naissance. Hermengarde a tous les goûts qui conviennent à son rang, et un amour de magnificence qui est coûteux. L’équipement de mon jeune héritier, qui voyage avec l’empereur, m’a épuisé ; sans cela j’offrirais, par pure affection pour vous et les vôtres, ce qui pourrait rendre Heinrich favorable au jeune Berchthold. Dans cette position, accablés comme nous le sommes tous par la guerre, et par le besoin d’entretenir tant d’hommes sur pied à Hartenbourg, je ne vois pas d’autres moyens que celui que je viens de mentionner.

— Vous ne l’avez pas mentionné encore ; car, dans votre désir de prouver l’impossibilité où vous vous trouviez de servir le jeune homme, vous ne m’avez point parlé de la chance favorable que nous offrait la Providence.

— Je vous demande pardon ! vous m’avez bien jugé, Ulrike, car je me reproche de ne pouvoir rien faire pour une personne que j’estime.

— Ne prêtez point à mes paroles un sens qu’elles n’ont pas, répondit Ulrike en souriant comme une personne qui désire se rassurer. Il n’est jamais entré dans ma pensée que les comtes de Leiningen fussent obligés de doter tous ceux qui les servent, suivant leurs espérances. La bourse la plus lourde du Palatinat se trouverait à sec, si elle était forcée de fournir une dot semblable à celle qui sera le partage de Meta Frey.

— Personne ne le sait mieux que moi. Je me suis souvent entretenu avec Heinrich sur cette matière, et je souhaiterais qu’il n’existât aucune inégalité de rang… Mais c’est parler de choses inutiles, revenons à Berchthold et à ses espérances. Vous savez,