Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/221

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poursuivait depuis si longtemps, et avait plus d’une fois été près d’altérer sa raison.

— Ce signal, Ulrike, est pour moi.

— Irez-vous à Limbourg, à cette heure ?

— Pénitent humilié, j’ai fait ma paix avec les bénédictins au moyen de l’or, et je vais m’efforcer maintenant de faire ma paix avec Dieu. Ce jour est l’anniversaire de mon crime, et il y aura une messe de nuit pour son expiation.

La femme d’Heinrich écouta cette déclaration sans surprise, quoiqu’elle amenât l’interruption subite de son entrevue avec l’ermite.

— Odo, votre bénédiction ! dit-elle en s’agenouillant.

— Vous exigez de moi une telle dérision ? s’écria l’ermite les yeux égarés. Allez, Ulrike ! Laissez-moi avec mes fautes.

L’anachorète parut irrésolu pendant un moment ; puis se précipitant avec fureur hors de la hutte, il y laissa Ulrike à genoux.


CHAPITRE XVII.


Mona, les sites, les druides, éveillent les morts.
Rogers



Ulrike avait l’habitude de s’adresser fréquemment et avec ardeur au Maître de l’univers, et dans ce moment elle pria avec plus de ferveur que jamais. Elle fut rappelée à elle par un coup frappé sur son épaule.

— Ulrike, mon enfant ? dame Frey, s’écria l’assidue Ilse, êtes-vous collée à la terre par quelque sortilège ? Pourquoi êtes-vous encore ici, et pourquoi le saint homme s’est-il enfui ?

— Tu as vu Odo de Ritterstein ?

— Qui ! êtes-vous folle, dame ? Je n’ai vu que le saint anachorète, qui a passé près de moi comme un ange qui prend son vol vers le ciel ; et, quoique je me sois agenouillée pour implorer un regard de faveur, son âme était trop occupée de sa mission céleste