du chœur, lorsqu’au milieu du calme que ne manquait jamais de produire la voix mélodieuse dont nous avons déjà parlé, on entendit un bruit sourd qu’on aurait pu prendre pour le murmure du vent, ou pour les sons étouffés de nombreuses voix qui s’élèvent sous les arcades découpées d’une église. Le vacher se leva, et disparut dans l’obscurité. Par une impulsion générale, les moines tournèrent la tête pour écouter, mais une grave attention au service succéda aussitôt à ce mouvement. Boniface néanmoins paraissait mal à son aise, quoiqu’il sût à peine quelle en était la raison ; ses yeux gris essayèrent de percer la masse d’obscurité qui régnait autour des colonnes éloignées de l’église, puis ils s’arrêtèrent vaguement sur les vases sacrés et magnifiques qui ornaient l’autel. L’hymne continua, et sa douce influence parut calmer tous les esprits ; mais tout à coup le tumulte qui eut lieu à la grande porte extérieure devint trop distinct pour admettre aucun doute. Toute la communauté se leva comme un seul homme, et la voix mélodieuse devint muette. Ulrike joignit ses mains avec désespoir, tandis qu’odo de Ritterstein oublia sa douleur à cette brusque interruption.
CHAPITRE XVIII.
l est à peine nécessaire d’expliquer que l’homme qui avait
accompagné Ulrike et Ilse jusqu’à la porte de Duerckheim, était
Heinrich Frey. Dès que sa femme eut disparu et qu’il eut terminé
sa courte conférence avec les hommes de garde, le bourgmestre
se dirigea en toute hâte vers le quartier de la ville qui était situé
le plus près de la porte du Jaegerthal. Il y trouva rassemblée un
troupe de cent bourgeois, choisis parmi tous les autres comme
les plus résolus et les plus vigoureux ; ils étaient munis, suivant
l’usage du temps, d’armes offensives que l’habitude avait
rendues familières à chacun. Nous devons ajouter que, en se