terrible pour que des mains humaines l’emploient légèrement. — Je ne te bénis pas non plus ; mon devoir envers Dieu n’interdit cette consolation.
— Arrête, pieux Arnolph ! ne nous séparons pas en colère. J’avoue qu’il me serait doux d’entendre de ta bouche une parole de paix. Écoute : — s’il y a dans cette église une chapelle qui soit pour toi l’objet d’une vénération particulière, désigne-la, et je te jure, foi de chevalier, — qu’à moins qu’elle n’ait déjà reçu quelque atteinte, elle sera respectée, et restera seule intacte au milieu des ruines, en témoignage de l’affection que je te porte ; ou bien s’il est quelque objet qui te soit cher, soit à cause de sa valeur intrinsèque, soit par suite du prix que ta croyance y attache, parle : il sera mis de côté jusqu’à ce que tu le réclames. En retour, je ne te demande qu’un saint adieu.
— Je puis prier pour toi, Emich, je le ferai, dit le prieur affligé en dégageant sa robe des mains du baron qui l’avait saisie, mais ce serait trahir le ciel que de bénir un homme qui lui déclare la guerre !
En disant ces mots, le pieux Arnolph se cacha la figure dans ses mains pour ne point voir les profanations qui se commettaient autour de lui, et sortit lentement du chœur.
CHAPITRE XXI.
- Byron.
e bénédictin déjà connu à nos lecteurs sous le nom de père
Johan avait attendu sur les marches de l’autel la fin de cette
scène. La patience froide et dédaigneuse qu’il montrait avait
quelque chose de forcé, comme si rien dans son caractère ne
pouvait être naturel. Si le frein de la discipline ecclésiastique, si
son respect pour le prieur, et sa répugnance même à employer
les voies de douceur pour ramener un pécheur au bercail, l’avaient