Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/302

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a donné son nom à la confédération helvétique, qui s’étend au milieu et auprès des Alpes occidentales. Ce lieu s’appelait Einsiedlen ; le monastère appartenait à des bénédictins, et l’église contenait une des chasses alors les plus vénérées, même après celle de Lorette. Les temps et les révolutions ont depuis élevé Notre-Dame d’Einsiedlen au plus haut degré de célébrité parmi les pèlerinages catholiques ; car nous avons vu dernièrement des milliers de fidèles se presser autour de ses autels, tandis que nous avons trouvé la Santa Casa abandonnée presque entièrement au soin de ses gardiens, et visitée à peine par la curiosité de quelques hérétiques.

Maintenant que nous avons décrit le lieu de la scène, il est juste de nous occuper des acteurs.

À la distance d’environ une lieue du hameau, sur le bord de la plaine, du côté où elle descend en précipice vers le lac de Zurich, et dans la direction du Rhin, s’avançait une troupe de voyageurs des deux sexes, et en apparence de tous les âges, depuis la fleur de la jeunesse jusqu’à la dernière période de l’âge mûr. Ils étaient à pied, et portaient les vêtements et tous les attributs de pèlerins. La lassitude était cause que leur ligne s’était considérablement étendue, et ils allaient deux par deux, les plus robustes en avant, les plus faibles et les plus fatigués derrière.

Deux hommes ouvraient la marche. L’un avait la robe et le capuchon de bénédictin, tandis qu’il portait comme les autres le bâton et la besace du pèlerin ; son compagnon avait le manteau ordinaire parsemé de coquilles ; et ceux qui suivaient étaient vêtus de même, sauf les exceptions ordinaires qui distinguent les sexes. C’étaient d’abord deux hommes de moyen âge ; puis deux couples de chaque sexe, tous encore jeunes et actifs ; venaient ensuite deux femmes, qui, quoique jeunes, avaient l’air fatigué et abattu ; et une jeune fille qui traînait ses jambes l’une après l’autre avec une peine qui contrastait avec son âge. À côté de cette dernière, était une vieille femme, à qui ses infirmités avaient fait accorder la permission de prendre un âne, sur lequel elle était assise, comparativement, à l’aise ; quoique, par une licence dont le moine avait donné l’idée, le bât fut chargé de presque toutes les besaces des pèlerines. Le cortége était fermé par deux hommes qui semblaient former comme l’arrière-garde du détachement.

Ce groupe était composé du prieur et d’Emich, qui marchaient