CHAPITRE XXV.
- Chatterton.
uand ils furent tous réunis, les pèlerins se divisèrent le long
de la route, s’agenouillant, les uns devant un tabernacle, les
autres devant un autre. Ulrike et Lottchen, suivies de la pâle Meta,
prièrent longtemps devant chaque station. Les autres femmes
imitèrent leur exemple, quoique évidemment avec moins de zèle
et de ferveur. Le chevalier de Rhodes et M. Latouche se bornèrent
à quelques génuflexions et à quelques signes de croix faits rapidement
du bout des doigts, comme s’ils pensaient que leurs professions
de foi étaient connues et assez méritoires pour rendre
superflue toute démonstration extraordinaire de piété.
Heinrich et le forgeron se distinguaient particulièrement par leur scrupule minutieux à suivre toutes les formes prescrites ; Dietrich, qui était payé secrètement par ses concitoyens pour ce qu’il faisait, se croyant obligé en honneur à leur en donner pour leur argent ; tandis que le bourgmestre, indépendamment des grands avantages temporels qu’il espérait retirer de toute cette affaire, était stimulé encore par sa sollicitude paternelle pour les intérêts de Duerckheim. Quant à Ilse, personne ne priait avec plus d’exactitude qu’elle, ni avec plus d’ostentation.
— As-tu pensé, Dietrich, à dire un bout de prière de plus en faveur des intérêts généraux ? demanda Heinrich, tandis qu’il attendait patiemment que le forgeron se retirât de devant le dernier tabernacle, afin de prendre lui-même sa place.
— Mais, vénérable bourgmestre…
— Dis donc frère pèlerin !
— Mais, très-digne frère et excellent pèlerin, il n’a pas été question de cela dans mes conventions.