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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/315

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Himmel ! ne faudrait-il pas qu’on te payât pour prier pour toi-même ? Fais ce que tu as promis pour la pénitence et dans l’intérêt des moines ; puis après, en bon et honnête artisan, dis un mot pour la ville dont tu es citoyen. Une fois à genoux, je ne me relève jamais sans compter quelques grains de mon chapelet en faveur de Duerckheim, et quelques autres aussi en faveur de la famille d’Heinrich Frey.

— Merci, excellent frère pèlerin ; ce que vous me dites est plein de sens, et je ne manquerai pas de m’y conformer.

Le forgeron finit alors son rosaire, et il fit place au bourgmestre, dès qu’il se fut acquitté convenablement de sa tâche. Pendant ce temps, Arnolph avait prié avec ferveur et avec une sincère humilité devant chaque station.

Les pèlerins se rangèrent alors sur deux lignes, ordre qui est encore observé tous les ans par des milliers de fidèles, pour approcher de la chapelle d’Einsielden ; les hommes se plaçant sur une seule file à la droite du chemin, et les femmes à la gauche dans un ordre semblable. Arnolph se mit à la tête, et toute la troupe suivit. Alors les prières prescrites furent répétées à haute voix. Quiconque a souvent parcouru cette contrée sauvage et remarquable, n’a pu manquer de rencontrer des troupes de pèlerins, marchant dans l’ordre indiqué, et exhalant leurs prières à la face du ciel, tandis qu’ils se dirigent vers l’autel de « Notre-Dame-de-la-Neige, » sur le Rhin, ou vers quelque autre chapelle, à travers des sentiers escarpés et rocailleux. Nous ne connaissons pas de cérémonie religieuse plus touchante et plus propre à produire une profonde impression. Le temple est la plus magnifique qui soit sur la terre ; l’air à cette pureté exquise qui ne se trouve que dans les régions élevées et sur le bord des torrents des montagnes ; tandis que les sons les plus clairs et les plus distincts viennent frapper l’oreille, répétés par les échos de vallées dont l’œil peut à peine sonder la profondeur, et de rochers suspendus qui semblent se perdre dans les cieux. Longtemps avant qu’on ne découvre le pieux cortége, la musique des prières annonce son approche ; car c’est une véritable musique que ces voix, d’hommes graves et sonores, ces voix de femmes douces et argentines, qui se répondent alternativement au milieu d’un pareil site.

Tel était alors l’effet produit par l’approche de la petite troupe qui venait du Palatinat. Le père Arnolph donnait le ton, et les