Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/377

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rendus à la vie qui avaient pris place dans les histoires merveilleuses des bords du Rhin.

Le principal groupe d’acteurs s’était retiré un peu à l’écart, à l’abri des cèdres, où, abrité par les murailles en ruines et les arbres, il ne pouvait être vu de ceux qui étaient en dehors. Le jeune Berchthold était assis sur un fragment de muraille, soutenant dans ses bras sa mère à demi incrédule, position qu’il avait prise par les ordres formels du comte ; Meta était agenouillée devant Lottchen, tenant une de ses mains dans les siennes, et l’œil brillant de la jeune fille ravie suivait avec un intérêt ingénu, et qu’elle ne songeait point à déguiser, chaque regard et chaque mouvement de Berchthold. Les émotions de cet instant étaient trop puissantes pour être cachées ; et si ses sentiments eussent été secrets, la surprise et l’accès de sensibilité qui en fut la conséquence eussent trahi les mystères de son cœur. Ulrike était aussi à genoux, soutenant la tête de son amie, mais souriant et heureuse. Le chevalier de Rhodes, l’abbé français, Heinrich et le forgeron allaient et venaient comme des sentinelles pour retenir les curieux à une certaine distance, quoiqu’ils s’arrêtassent de temps en temps pour écouter la conversation. Emich, appuyé sur son épée, se réjouissait de ce que ses craintes étaient sans fondement, et nous ferions injure à son caractère farouche, mais non dépouillé de toute générosité, si nous ne disions qu’il était heureux de retrouver Berchthold vivant. Lorsque nous aurons ajouté que les chiens couraient et sautaient sur la montagne autour de la foule qui pouvait à peine croire à leur caractère terrestre, notre tableau sera terminé.

Les méritants de ce monde peuvent être divisés en deux grandes classes, ceux qui sont activement et ceux qui sont passivement bons. Ulrike appartenait à la première classe, car, bien qu’elle sentît aussi fortement que toute autre personne, une rectitude instinctive ne manquait jamais de lui suggérer un devoir dans chaque crise qui avait lieu. Ce fut donc elle (et nous demandons ici la permission d’avertir le lecteur qu’elle est notre héroïne) qui donna à la conversation une direction favorable pour expliquer ce qui était inconnu, sans fatiguer de nouveau une sensibilité qui était depuis si longtemps éprouvée.

— Et tu es maintenant absous de ton vœu, Berchthold ? demanda-t-elle après une de ces courtes interruptions pendant les-