Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/378

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quelles le bonheur ravissant d’une telle rencontre était mieux exprimé par une silencieuse sympathie que par des paroles. Les bénédictins n’ont plus de droits à ton silence ?

— Ils avaient marqué le retour des pèlerins comme le terme de mon vœu, et je n’ai appris l’heureuse nouvelle de votre arrivée qu’en apercevant cette procession. J’avais appelé les chiens qui parcouraient la forêt, et j’allais à votre rencontre lorsque je vous vis à la porte du Camp. Notre entrevue aurait eu lieu dans la vallée, si le devoir n’eût pas exigé que ma première visite fût pour le seigneur Odo von Ritterstein.

— odo von Ritterstein ! s’écria Ulrike en pâlissant.

— Quoi ! mon ancien camarade Odo ? demanda Emich. Voilà la première nouvelle que nous ayons eue de lui depuis la chute de l’abbaye.

— J’ai mal raconté mon histoire, répondit Berchthold en riant et en rougissant, car il n’était ni trop vieux ni trop exercé à son rôle pour rougir seulement, puisque j’ai oublié de parler du seigneur Odo.

— Tu nous as parlé d’un compagnon, répondit sa mère en jetant un regard sur Ulrike, et abandonnant les bras de son fils pour venir au secours de l’embarras de son amie, mais tu as dit simplement que c’était un religieux.

— J’aurais dû dire le saint ermite que tout le monde reconnaît maintenant comme le baron von Ritterstein. Lorsque je fus obligé de quitter l’église enflammée, je le trouvai à genoux devant un autel. Reconnaissant une personne qui m’avait montré tant de bonté, je l’entraînai avec moi dans la chapelle souterraine. Je vous ai parlé certainement de nos blessures et de notre détresse.

— Cela est vrai, mais sans nommer ton compagnon.

— C’était le baron Odo, le ciel en soit loué ! Lorsque les moines nous trouvèrent, le jour suivant, incapables de résistance et affaiblis par la faim et par la perte de notre sang, ils nous emmenèrent l’un et l’autre secrètement, comme nous l’avons entendu dire, et nous soignèrent de manière à rétablir promptement nos forces. J’ignore si les bénédictins avaient l’intention de cacher mystérieusement notre existence, mais ces histoires de chasseurs surnaturels et de chiens qui ont rompu leur laisse prouveraient qu’ils avaient l’intention d’augmenter les superstitions du pays.