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Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/382

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prends à ce mariage, et que mon intention est de te nommer à quelque place honorable dans les villages ?

— Je n’ai oublié aucune de ces faveurs, rien non plus de ce qu’un vif désir peut suggérer ou qu’une bonne mémoire peut rappeler.

— Quelle a été la réponse du bourgeois ? Berchthold rougit et hésita à répondre ; ce ne fut que lorsque Emich eut répété la question d’un air sévère qu’il parvint à tirer de lui la vérité, car un jeune homme aussi loyal que Berchthold ne pouvait dire que la vérité.

— Il a répondu, seigneur comte, que si c’était votre bon plaisir de choisir un mari pour sa fille, vous ayez la bonté de ne pas désigner un mendiant. Je rapporte seulement les propres paroles du bourgmestre, et je prie Monseigneur de me pardonner cette liberté.

— Misérable avare ! ces chiens de Duerckheim apprendront à connaître leur maître. Mais ne te désole pas, enfant ; nos larmes et nos pèlerinages n’auront pas été vains, et tu te marieras avec une fille plus belle et mieux née, comme il convient à quelqu’un que j’aime.

— Oh ! seigneur Emich, je vous supplie, je vous implore…

— Ah ! voici le radoteur d’Heinrich assis sur un roc de ce ravin comme une vedette guettant les maraudeurs ! Pique des deux, Berchthold, et prie mes nobles amis de s’arrêter à l’Hôtel-de-Ville pour se faire leurs adieux. Quant à toi, tu peux encourager ta folie, et te représenter la jolie figure de Meta pendant ce temps-là.

Le forestier partit comme une flèche, tandis que le comte dirigea son cheval de côté, et tourna dans le ravin par lequel le sentier conduisait à l’Heidenmauer lorsqu’on montait du côté de la vallée. Emich fut promptement près du bourgmestre, et jeta la bride de son cheval à un serviteur qui le suivait.

— Eh bien ! frère Heinrich, cria-t-il, le mécontentement s’effaçant de son visage, grâce à la politique et à l’habitude du monde, es-tu encore en train d’exorciser, ou as-tu oublié quelques prières de notre grand pèlerinage ?

— Que saint Benoît ou le frère Luther en soient loués ! car je ne sais pas précisément auquel des deux le principal mérite en est dû. Notre ville de Duerckheim est dans les plus heureuses dispositions relativement à la sorcellerie, aux diableries et même aux