Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/76

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fût pas sans valeur dans un pays où l’usage de la hache n’était connu que depuis peu de temps.

Nous avons dit qu’Emich de Leiningen se livrait au repos dans sa forteresse d’Hartenbourg. Que le lecteur se représente un bâtiment massif au milieu d’une foule d’autres grossièrement construits pour l’économie domestique de ce siècle, et il aura une idée plus complète de l’intérieur. Les murailles étaient lambrissées et couvertes de grossières sculptures, les salles immenses et sombres chargées d’armures, et dans ce moment elles étaient remplies d’hommes armés. Les salons avaient cette étendue qui convenait au rang d’un baron ; tous les objets en même temps commodes et luxueux qu’on rencontre dans les salons de nos jours étaient ignorés, mais ils présentaient un aspect de lourde magnificence. À quelques exceptions près, l’Allemagne, encore aujourd’hui, n’est pas remarquable par l’élégance de la vie domestique. Ses palais même sont décorés simplement, sans luxe ; le goût qui y règne est rarement supérieur, et pour dire la vérité, il n’est pas toujours égal au nôtre. Il y a encore une nuance de gothique dans les habitudes et les opinions de ce peuple constant, qui paraît cultiver les raffinements subtils de l’esprit, de préférence aux jouissances qui ne s’attachent qu’aux sens.

Des ornements simples et bien travaillés, produits par l’industrie patriote d’un peuple renommé par son adresse ; des épées, des dagues, des morions, des cuirasses, et toutes les armes défensives alors en usage, les ouvrages d’aiguille que la main d’une noble dame pouvait mettre au jour, des tableaux qui avaient tous les défauts et peu des beautés de l’école flamande, des meubles qui avaient autant de rapport avec ceux des palais d’électeurs ou de rois, que les décors d’un salon de village de notre temps en ont avec des salons de grandes villes ; une grande profusion d’argenterie avec les armes en relief et gravées de différentes façons, les arbres généalogiques et des armoiries tracées en couleur, voilà ce qui composait l’ameublement du château d’Hartenbourg.

Nulle part, dans cet édifice, il n’y avait l’apparence de la présence des femmes, ou du moins des meubles qui sont à leur usage. On voyait en effet fort peu de personnes du sexe dans les corridors, les offices et les cours, tandis que les hommes s’y trouvaient en grand nombre. Ces derniers étaient particulièrement des guerriers à moustaches qui encombraient les salles ou les parties plus