possible de retrouver le sentier ; des recherches furent faites de tous côtés, et personne ne put en découvrir la moindre trace. Des fragments de rocs brisés, des cailloux raboteux, furent la seule récompense des plus minutieuses investigations ; et, après avoir trop inutilement perdu quelques-unes de ces minutes qui étaient toutes si précieuses, ils se rassemblèrent d’un commun accord autour du guide, pour lui demander conseil. La vérité ne pouvait pas être cachée plus longtemps. — Ils étaient égarés.
CHAPITRE XXIII.
ussi longtemps que nous conservons le pouvoir de lutter
avec la destinée, l’espérance est le dernier sentiment qui abandonne
le cœur humain. Les hommes sont doués de tous les genres
de courage, depuis la calme énergie d’une réflexion rendue plus
imposante quand elle se joint à la force du corps, jusqu’à la
témérité sans frein d’une âme impétueuse ; depuis la fermeté qui
devient plus remarquable, plus digne de respect, dans les occasions
qui lui permettent de se montrer tout entière, jusqu’à
l’affreuse et aveugle énergie du désespoir. Mais aucune langue
ne renferme d’expressions capables de faire comprendre l’angoisse
qui resserre le cœur quand une cause accidentelle et non
prévue nous enlève subitement les ressources sur lesquelles nous
avons l’habitude de compter. Le marin qui a perdu sa route ou
sa boussole perd aussi son audace et son sang-froid, le danger ne
peut les lui rendre ; le soldat fuit si vous lui retirez ses armes
et le chasseur de nos forêts natales, égaré loin de ses limites,
n’est plus un agresseur ferme et intrépide, mais un fugitif inquiet
et troublé, qui cherche à la dérobée des moyens de retraite : en
un mot, quand l’âme se trouve privée à l’improviste de ses alliés,
de ses soutiens ordinaires, nous sommes forcés de sentir que la
raison, qui nous place tellement au-dessus du reste des créatures,