Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 13, 1839.djvu/317

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égale. Heureusement pour ce noble animal, l’amitié du vieil Uberto le protégea. Lorsque les jeunes chiens virent leur patriarche disposé à la paix, ils différèrent l’attaque et attendirent un second signal. Pendant ce temps, Maso regarda autour de lui et prit une décision qui fut moins influencée par la surprise que celle qu’il avait prise d’abord.

— Signore, répondit-il, puisque vous le désirez, je vais retourner au couvent. Mais je demande comme simple justice que, si je dois être chassé par des chiens comme une bête fauve, tous ceux qui étaient dans les mêmes circonstances que moi soient soumis aux mêmes lois. Ce pèlerin et ce jongleur montèrent le sentier en même temps que moi, hier, et je demande qu’ils soient aussi arrêtés jusqu’à ce qu’ils puissent rendre compte de ce qu’ils ont fait. Ce n’est pas la première fois que nous aurons habité la même prison.

Conrad se signa d’un air soumis, et ni lui ni Pippo ne firent aucune objection à cette demande ; au contraire, ils convinrent franchement qu’elle était juste.

— Nous sommes de pauvres voyageurs auxquels bien des accidents sont déjà arrivés, dit le pèlerin, et nous pouvons être pressés d’arriver au gîte ; mais nous nous soumettons sans murmure à ce qui est juste ; je suis chargé des péchés de bien d’autres, outre les miens, et saint Pierre sait que ces derniers ne sont pas légers. Ce saint religieux fera dire des messes dans la chapelle de son couvent pour ceux pour lesquels je voyage. Ce devoir accompli, je me remets comme un enfant entre vos mains.

Le bon religieux assura que tout le couvent était toujours prêt à prier pour ceux qui en avaient besoin, à la simple condition qu’ils fussent chrétiens. Après cette explication la paix fut faite, et toutes les parties prirent immédiatement la route du couvent. Lorsqu’on eut atteint ce bâtiment, Maso et les deux voyageurs qui avaient été trouvés dans sa société furent placés dans une des chambres de ce solide édifice, jusqu’à ce qu’ils pussent prouver leur innocence au retour du père Xavier.

Satisfait de la fermeté qu’il avait montrée dans cette affaire, Sigismond se rendit à la chapelle, où, à cette heure, les religieux disaient constamment des messes pour les âmes des vivants et des morts. Il y était encore lorsqu’il reçut un billet du signor Grimaldi, qui lui apprenait l’arrestation de son père, et les affreux soupçons qui planaient naturellement sur lui. Il est inutile de