Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 13, 1839.djvu/382

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Sigismond, chacun était convaincu qu’il ne devait pas son existence au bourreau.

Un sommaire des faits pourra aider le lecteur à mieux comprendre les circonstances d’où dépendait le dénouement.

Il a été dit, dans le cours de cette narration, que le signor Grimaldi avait épousé une femme beaucoup plus jeune que lui, dont les affections étaient accordées avant son mariage à un homme qui, par ses qualités morales, était indigne de son amour, mais qui, sous d’autres rapports, aurait peut-être été pour elle un mari plus convenable que le puissant seigneur auquel sa famille l’avait livrée.

La naissance d’un fils fut promptement suivie de la mort de la mère et de l’enlèvement de l’enfant. Des années s’écoulèrent avant que le signor Grimaldi fût instruit de l’existence de ce dernier. Il avait reçu cette importante nouvelle, dans un moment où les autorités de Gènes poursuivaient activement des contrebandiers, et le motif de cette révélation fut un appel à sa tendresse paternelle, en faveur d’un fils qui allait devenir la victime de ses fautes. Retrouver un enfant dans de semblables circonstances était un coup plus cruel que sa perte, et l’on peut supposer que la vérité des prétentions de Maso qui portait alors le nom de Bartolomeo Contini, ne fut admise qu’avec des preuves convaincantes. Les amis du contrebandier en avaient fait leur rapport à un moine mourant dont le caractère était au-dessus du soupçon, et qui confirma à son dernier soupir la révélation de Maso, jurant devant Dieu qu’autant qu’un homme pouvait être sûr d’un fait semblable, il savait que le contrebandier Maso était le fils du signor Grimaldi. Ce témoignage dans un moment aussi solennel, soutenu par des papiers importants qui avaient été pris avec l’enfant, détruisirent l’incrédulité du doge. Il usa de son autorité pour sauver le criminel, quoique après avoir, par l’entremise d’un confident, tenté inutilement de le ramener à une meilleure conduite, il se fût refusé à le voir jamais.

Lorsque la révélation du bourreau vint mettre une nouvelle espérance dans son cœur, malgré le bonheur que ressentait le doge de se trouver le père d’un fils tel que Sigismond, sa raison et ses souvenirs le portaient cependant à reconnaître les droits d’un autre. Dans l’interrogatoire secret qui suivit la scène de la chapelle, les révélations de Maso prirent un caractère vague et mystérieux, qui excitèrent un doute pénible dans l’esprit de ses