Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/143

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la vapeur, il cède plus aisément aux coups de la hache. Placez le même morceau sous une presse puissante, mettez un vase en dessous ; l’eau tombera dans le vase, et le bois restera parfaitement sec. Ce qui démontre que la terre (tous les végétaux n’étant que des excroissances de la terre) est un élément primitif ; que l’eau est aussi un élément primitif ; mais que l’air et le feu n’en sont pas.

Les éléments une fois établis, je supposerai, pour plus de brièveté, le monde créé. Dans le commencement, le globe était placé dans le vide, stationnaire, et avec son axe perpendiculaire au plan de ce qu’on appelle aujourd’hui son orbite. Il n’était soumis qu’à la révolution diurne.

— Et les changements des saisons ?

— N’avaient pas encore eu lieu. Les jours et les nuits étaient égaux ; il n’y avait pas d’éclipses ; les mêmes astres étaient toujours visibles. Certaines preuves géologiques permettent de supposer que cet état de la terre dura environ mille ans, pendant lequel temps la lutte entre l’esprit et la matière fut concentrée entre les quadrupèdes. L’homme parut, si nos documents sont exacts, vers l’an du monde 1003. C’est aussi vers cette époque que le feu fut produit, selon les uns, par le frottement de l’axe de la terre en faisant le mouvement diurne ; ou, selon d’autres, par la périphérie du globe frottant contre le vide à raison de tant de milliers de milles par minute. Le feu pénétra bientôt jusqu’aux masses d’eau qui remplissent les cavités de la terre. C’est de ce temps que date l’existence d’un nouvel et très-puissant agent dans les phénomènes terrestres, la vapeur. Alors, à mesure que la terre s’échauffait intérieurement, la végétation commençait se montrer…

— Pourrais-je vous demander, Monsieur, de quelle manière tous les animaux existaient antérieurement ?

— En se mangeant les uns les autres. Les plus forts dévorèrent les faibles ; mais quand fut venu le tour des plus intimes des animalcules, ceux-ci se liguèrent contre leurs persécuteurs, et les dévorèrent à leur tour. Nous voyons journellement des phénomènes semblables dans l’histoire de l’homme. Celui qui, par sa force et son énergie, a su triompher de ses rivaux, est souvent la proie de ce qu’il y a de plus vil et de plus chétif. Vous savez sans doute que les régions polaires, même dans la condition primitive de la terre, recevant obliquement les rayons du soleil,