Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/149

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formerez une idée de ce qui fut dépensé, en cette occasion, d’intelligence et d’énergie, quand je vous dirai qu’il résulta d’observations exactes, que cette portion artificielle de la terre était plus épaisse ; plus forte, et de nature à durer plus longtemps que le reste. Les malheureux en vinrent à ce point d’aveuglement de faire sonder toute la région, et ayant reconnu l’emplacement précis ou l’enveloppe de la terre était le plus mince, John Jaw et les plus zélés de ses partisans s’y transportèrent et y établirent le siège de leur gouvernement. Pendant qu’ils s’enivraient de leur triomphe, la nature, ayant la conscience de sa force, restait tranquillement les bras croisés. Cependant nos ancêtres ne tardèrent pas à comprendre les conséquences de leur conduite ; le froid augmenta, les fruits devinrent de plus en plus rares, et la glace s’accumula rapidement. L’enthousiasme des Monikins s’enflamme aisément en faveur d’une théorie spécieuse ; mais le moindre besoin physique suffit pour le faire aussitôt tomber. Sans doute, la race humaine, mieux fournie des moyens de résister, ne montre pas autant de faiblesse ; mais…

— Vous nous flattez, docteur. Je trouve, au contraire, tant de points de ressemblance entre nous, que je commence réellement à croire que nous avons eu la même origine ; si vous vouliez seulement accorder que l’homme est de la seconde création, et les Monikins de la première, j’admettrais à l’instant même tout votre système de philosophie.

— Comme une pareille concession serait contraire à l’évidence, j’espère, mon cher Monsieur, que vous pardonnerez à un professeur de l’université de Leaphigh s’il ne peut se la permettre, même dans cette partie éloignée du monde. — Ainsi que je m’apprêtais à le dire, le peuple commença à montrer quelque inquiétude de la rigueur toujours croissante de la température. John Jaw crut que c’était le moment de réchauffer leur zèle en développant de nouveau ses principes. Il rassembla ses amis et ses partisans dans la grande place de la nouvelle capitale, et, pour employer le langage d’une affiche que l’on conserve encore dans les archives de la société historique de Leaphigh, affiche qui paraît même avoir été imprimée avant que l’arrêté fût rendu, les résolutions suivantes furent adoptées à l’unanimité et par acclamation, à savoir :


« Que l’assemblée a le plus profond mépris pour la vapeur :