Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/198

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puisqu’elle aura une tendance directe à élever plus haut votre espèce dans l’estime des Monikins, — et pour les sciences en général, il sera de nécessité indispensable que vous y veniez avec le plus grand nombre possible de vos compagnons, — principalement les meilleurs échantillons. J’allais vers le rivage dans l’espoir de vous y rencontrer, et un messager a été envoyé au navire pour inviter l’équipage, vous aurez une tribune séparée, et… Mais réellement je ne dois pas vous dire d’avance toutes les attentions qui vous seront prodiguées ; tout ce que je crois pouvoir vous dire, c’est que — vous verrez !

— Cette proposition me prend un peu au dépourvu, docteur, et je sais à peine comment y répondre.

— Vous ne pouvez refuser, sir John ; car si le roi venait à apprendre que vous avez refusé de vous rendre à une assemblée où il doit être présent, il serait sérieusement, et je puis ajouter justement offensé. — Je ne pourrais répondre des suites d’un tel refus.

— On m’avait dit que tout le pouvoir était entre les mains de l’aîné des cousins-germains de Sa Majesté. Je croyais, d’après cela, que je pouvais faire très-peu de cas du roi lui-même.

— Non pas dans l’opinion, qui est un des trois grands ordres de notre gouvernement, lesquels sont : la loi, la pratique, et l’opinion. Par la loi, le roi gouverne ; par la pratique, son cousin germain gouverne ; et par l’opinion, c’est encore le roi qui gouverne. Ainsi, le point formidable de la pratique se trouve balancé par la loi et par l’opinion. C’est ce qui constitue l’harmonie et la perfection du système. — Non, non ; il ne serait pas prudent d’offenser Sa Majesté.

Quoique je ne comprisse pas très-bien les arguments du docteur, cependant, comme j’avais souvent trouvé, dans la société humaine, des théories politiques, morales, théologiques, auxquelles tout le monde avait foi, et que pourtant personne n’entendait, je crus toute discussion inutile ; je promis au docteur, sans lui faire plus de questions, que nous nous rendrions à l’académie dans une demi-heure, instant qui avait été fixé pour l’assemblée. Après qu’il m’eut donné des renseignements nécessaires pour en trouver le chemin, nous nous séparâmes, lui pour aller faire ses préparatifs, moi pour me rendre dans une taverne, y faire déposer notre bagage, et me mettre en état de paraître avec tout le décorum convenable dans une occasion si solennelle.