Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/199

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CHAPITRE XVI.


Une auberge. — Dettes payées d’avance. — Singulière touche de nature humaine incorporée à la nature des Monikins.



Après nous être assurés d’un appartement, nous ordonnâmes notre dîner, nous brossâmes nos vêtements, et nous fîmes tous les autres petits arrangements qui étaient nécessaires pour l’honneur de l’espèce humaine. Tout étant prêt, nous sortîmes de l’auberge, et nous prîmes le chemin du Palais des Arts et des Sciences. Nous n’avions pas encore perdu l’auberge de vue, quand un des garçons accourut pour nous apporter un message de sa maîtresse. Il nous dit, d’un ton respectueux, que son maître était sorti, qu’il avait emporté la clef du coffre-fort, et qu’il n’y avait pas dans le tiroir du comptoir de quoi fournir à dîner à d’aussi grands personnages que nous. Elle avait donc pris la liberté de nous envoyer un reçu, en nous priant de lui faire une petite avance pour ne pas l’exposer à la mortification de traiter des personnages aussi distingués que nous, d’une manière indigne d’eux. Ce mémoire était rédigé ainsi qu’il suit :

» Doivent n° 1, couleur mixte, et ses amis,

À n° 82,763, couleur de raisin :

Pour appartements, nourriture et lumière, à raison de 300 p. p. par jour, comme il a été convenu, pour

un jour ………… 300 p. p.
Reçu par avance, comptant …………    50   
Balance restant due ……… 250

— Tout cela me paraît fort juste, dis-je à Noé ; mais en ce moment je n’ai pas plus d’argent dans ma poche qu’il ne s’en