Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/202

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ce qu’il voulait, pourvu qu’il convînt que tous les autres avaient un mérite infiniment au-dessus du sien. Lorsque le nouveau membre eut établi d’une manière triomphante le peu de droits qu’il avait à entrer dans l’académie, et à l’instant où je croyais que ses collègues étaient tenus par honneur d’examiner de nouveau le choix qu’ils avaient fait, il termina son discours et prit son siège parmi eux avec autant d’assurance que le plus grand philosophe de toute la compagnie.

Après une courte pause, et une foule de compliments sur son excellent et plus que modeste discours, le nouveau membre se leva une seconde fois, et se mit à lire un essai sur quelques découvertes qu’il avait faites dans la science de Sympathies-Secrètes. Suivant sa doctrine, chaque Monikin possédait un fluide qui était invisible, comme les animalcules qui remplissent tout dans la nature, et qui n’avait besoin que d’être bien connu et assujetti à des lois plus rigides pour pouvoir remplacer le sens de la vue, du toucher, du goût, de l’ouïe et de l’odorat. Ce fluide était communicable, et avait déjà été assujetti à la volonté, au point de le rendre utile pour voir dans les ténèbres ; pour sentir toutes les odeurs quand on avait un rhume de cerveau, et pour toucher par procuration. Par le moyen de ce fluide on avait transmis des idées à une distance de soixante-deux milles en une minute et demie. Deux Monikins, qui avaient le malheur d’avoir une maladie de queue, avaient perdu cet embellissement de leur personne par une opération devenue indispensable, mais ils avaient été saturés de ce fluide, et l’effet en avait été si heureux qu’ils s’imaginaient briller plus que jamais par la longueur et l’élasticité de leur queue. Une expérience avait été faite sur un Monikin, membre de la chambre basse du Parlement. Étant marié à une Monikine pleine d’esprit, il avait, pendant la dernière session, tiré toutes ses idées de cette source, quoique sa femme fût obligée de rester à la campagne pendant tout le temps, pour surveiller l’administration d’un domaine à quarante-deux milles de la capitale. L’orateur recommanda particulièrement au gouvernement d’accorder de l’encouragerment à cette science, qui pouvait être très-utile pour obtenir des preuves dans l’intérêt de la justice, pour découvrir des conspirations ; pour percevoir les taxes, et pour faire un choix parmi les candidats à des places importantes. Cette suggestion fut bien accueillie par le cousin-germain du