Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/211

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des devoirs à remplir envers deux nobles familles. Le Voyage d’Épreuve avait en lieu sous les auspices les plus favorables, et les dames désiraient naturellement de retourner dans leur pays. Ils avaient donc passé en Grande-Bretagne, pays remarquable par ses entreprises maritimes, et il y avait fait sur-le-champ les préparatifs nécessaires pour mettre à la voile. Il s’était procuré un navire, sous la condition qu’il pourrait emporter une cargaison des productions de Leaphigh sans payer aucun droit de douane. Mille demandes lui avaient été adressées pour obtenir la permission de l’accompagner ; car il était tout simple que les naturels désirassent voir un pays civilisé. Mais la prudence lui avait fait une loi de ne prendre pour compagnons que ceux dont les services pouvaient être utiles. Le roi de la Grande-Bretagne, prince très-haut placé dans l’estime des hommes, avait confié à ses soins son fils unique, son héritier présomptif, pour qu’il se formât en voyageant ; et le lord grand-amiral lui-même avait sollicité le commandement d’une expédition qui était d’une si grande importance pour les connaissances en général, et pour sa profession en particulier.

Alors le docteur Reasono monta dans notre tribune, et présenta Bob à l’académie comme prince royal de la Grande-Bretagne, et le capitaine Poke comme lord grand-amiral de ce royaume. Il fit remarquer la crasse qui s’était incorporée avec la peau du premier, et quelques autres particularités de conformation, comme autant de marques de naissance royale ; et, ordonnant au jeune drôle de se déshabiller, il déploya à tous les yeux le vieux pavillon qu’il portait ordinairement en guise de plastron sur la partie postérieure de son corps, et dit que c’étaient ses armoiries. Quant au capitaine Poke, il invita les académiciens à étudier son air nautique en général, comme offrant une preuve suffisante de sa profession, et un échantillon de l’extérieur ordinaire des marins humains.

Se tournant enfin vers moi, il me présenta comme le gouverneur du jeune prince, et comme un homme fort respectable dans sa condition. Il ajouta qu’il croyait aussi que j’avais quelque idée d’avoir découvert quelque chose qu’on appelait le système de l’équilibre social ; découverte qui était sans doute honorable pour un homme qui avait eu si peu de moyens pour la faire.

Par suite de cette prompte distribution d’emplois, je vis que